Origine et histoire du Théâtre
L'Olympia est une salle de spectacle située au 28, boulevard des Capucines, dans le 9e arrondissement de Paris ; c'est le plus ancien music-hall de la ville encore en activité. La marque appartient au groupe Vivendi de 2001 à 2024, puis au groupe Canal+ à partir de 2024. En 1888 Joseph Oller, après avoir installé puis dû démolir des montagnes russes pour raisons de sécurité, fait édifier une salle de deux mille places sur le site. L'inauguration a lieu le 11 avril 1893 avec des vedettes telles que La Goulue, Loïe Fuller et Fregoli. Entre 1895 et 1900, un musée de cire, le musée Oller, occupe les sous-sols et présente des scènes historiques et sensationnelles. La direction se succède : les frères Isola (1898-1911) programment attractions foraines, Oscar de Lagoanère devient directeur en février 1896, Blanche de Marcigny présente un spectacle de haute école en 1902, et Jacques Charles monte des revues entre 1911 et 1914 avec Mistinguett et Yvonne Printemps. Raphaël Beretta et Léon Volterra prennent la direction en 1916, mais la salle ferme pendant la Première Guerre mondiale. Paul Franck dirige l'établissement de 1918 à 1928 et introduit davantage de chansons, accueillant des artistes comme Fragson, Fréhel, Damia, Marie Dubas et Lucienne Boyer. Joseph Oller meurt en 1922 ; en 1924 Gina Palerme y présente un numéro mêlant chant et cinéma, entourée d'autres interprètes. Progressivement moins fréquentée, la salle devient en 1929 un cinéma nommé Théâtre Jacques-Haïk ; elle conserve alors un orgue Cavaillé-Coll et reste un cinéma jusqu'en 1954, après avoir été occupée pendant la Seconde Guerre mondiale par d'abord l'armée allemande puis l'armée américaine. Jacques Haïk reconstruit l'intérieur et le hall de l'ancien music-hall ; en 1954 la Sato finance une sonorisation moderne et engage Bruno Coquatrix comme directeur. Le nouvel Olympia ouvre le 5 février 1954 et recentre rapidement sa programmation sur la chanson, attirant un large public. De nombreux artistes de la chanson et de la musique y font leurs entrées ou s'y produisent durablement, parmi lesquels Lucienne Delyle, Gilbert Bécaud, Édith Piaf, Charles Trenet, Léo Ferré, Juliette Gréco, Georges Brassens, Jacques Brel, Barbara, Claude François, Johnny Hallyday et bien d'autres. L'Olympia reçoit aussi de grandes figures internationales comme Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Sidney Bechet, et dans les années 1960 des groupes comme les Beatles et les Rolling Stones. En 1956 Bruno Coquatrix lance avec Europe 1 les Musicoramas, des récitals hebdomadaires diffusés par la radio, et l'Olympia contribue à révéler des artistes tels que Dalida. En 1961, confronté à des difficultés financières, Coquatrix fait appel notamment à Édith Piaf et à Jacques Tati, dont les engagements aident à sauver la salle ; Johnny Hallyday et Jacques Brel marquent ensuite l'affiche dans les années suivantes. Jusqu'à la fin des années 1960 l'Olympia reste un lieu central pour la chanson et le rock, accueillant aussi des spectacles de twist et de rock, ainsi que des concerts occasionnels d'artistes comme Gene Vincent ou Black Sabbath. Patrick Ullmann devient photographe officiel en 1969 et y travaille jusqu'en 1997 ; d'autres temps forts incluent les récitals de György Cziffra en octobre 1969 et le concert d'Alan Stivell en février 1972, qui relance l'intérêt pour la musique celtique et donne lieu à un enregistrement très diffusé. À la mort de Bruno Coquatrix en 1979, sa femme Paulette et sa fille Patricia héritent de la salle, tandis que Jean-Michel Boris en assure la direction de 1979 à 2001. L'Olympia programme ensuite une grande diversité de spectacles — cirques, ballets, films, opérettes — et accueille des succès populaires comme les longues séries de Michel Sardou en 1995 ; il abrite aussi une école de danse et de spectacle où ont enseigné et été formés de nombreux professionnels. Menacée par un projet de rénovation du bail immobilier, la salle a néanmoins vu une partie de son ancien décor protégée : la salle de billard, ornée de boiseries sculptées et de faïences de Sarreguemines, est inscrite aux monuments historiques par arrêté du 23 mai 1991. La dernière représentation de l'ancien Olympia a lieu le 14 avril 1997 ; l'édifice est rebâti en conservant la façade et en reconstruisant la salle et le hall à l'identique en arrière de quelques mètres, la nouvelle salle ouvrant en novembre 1997 avec Gilbert Bécaud. Les murs appartiennent depuis 1999 à la Société foncière lyonnaise (SFL), et le fonds de commerce est acquis en août 2001 par Vivendi Universal, devenu Vivendi en 2006. Arnaud Delbarre succède à Jean-Michel Boris en 2002 et laisse la direction en 2015 ; Christian Soulabaille, directeur technique depuis 1997, devient directeur général en 2016 jusqu'en 2022 aux côtés de Laurent De Cerner. L'Olympia a célébré en novembre 2023 ses 130 ans d'existence. De nombreux titres de chanson évoquent la salle, de Léo Ferré et Sheila à Michel Sardou, Étienne Daho ou JeanJass, et la salle a servi de décor à des tournages, notamment le film Pourquoi je vis (2020) de Laurent Tuel.
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