Origine et histoire du Théâtre
Le théâtre de la Renaissance est une salle de spectacle parisienne située au 20, boulevard Saint‑Martin (10e arrondissement), inaugurée le 8 mars 1873 et desservie par la station Strasbourg‑Saint‑Denis. Depuis le 14 juin 1994 il est classé monument historique. L'histoire du théâtre remonte à une compagnie fondée en 1838 par Anténor Joly à l'initiative de Victor Hugo et d'Alexandre Dumas, destinée à défendre leurs drames romantiques et installée salle Ventadour. La programmation s'ouvre le 8 novembre 1838 avec la création de Ruy Blas, interprété par Frédérick Lemaître, suivie en avril 1839 par L'Alchimiste et Paul Jones d'Alexandre Dumas, également avec Lemaître. En 1839 s'y tient un bal du Carnaval de Paris devenu célèbre, où le Galop des tambours de Jean‑Baptiste‑Joseph Tolbecque connaît un grand succès avec un orchestre comprenant quarante tambours. Plusieurs opéras sont alors représentés, comme Lucie de Lammermoor, mais la troupe est contrainte de fermer le 16 mai 1841.
Un nouveau théâtre à l'italienne est élevé de 1872 à 1873 sur les plans de l'architecte Charles de Lalande, sur l'emplacement du restaurant Deffieux incendié pendant la Commune de Paris. L'inauguration de la salle actuelle a lieu le 8 mars 1873 sous la direction d'Hippolyte Hostein avec La Femme de feu d'Adolphe Belot, puis suivent des créations importantes comme Thérèse Raquin, plusieurs œuvres d'Offenbach et des opéras‑bouffes de Charles Lecocq. Victor Koning succède à Hostein en décembre 1875 et le théâtre continue de produire opéra‑bouffe et opéra‑comique, avec des titres tels que La Marjolaine, La Tzigane, Le Petit Duc et Belle Lurette. Après une série de directions entre 1882 et 1893, le théâtre accueille la création de pièces majeures, dont celles d'Henry Becque, Georges Feydeau et André Messager. Sarah Bernhardt dirige la maison de 1893 à 1899 et y crée ou y joue des œuvres de Victorien Sardou, Edmond Rostand, Maurice Donnay, Gabriele D'Annunzio et Alfred de Musset.
Au XXe siècle, Firmin Gémier reprend le théâtre en 1901, suivi par Lucien Guitry en 1902, et la direction change à plusieurs reprises au fil des décennies. Henri Varna devient propriétaire du théâtre et Jean Darcante en assure la mise en scène des spectacles ; en octobre 1956 la comédienne Véra Korène prend la direction et fait restaurer la salle dans le style Second Empire. Sous ces directions se succèdent créations et reprises marquantes, notamment Les Séquestrés d'Altona de Jean‑Paul Sartre en 1959, des pièces de Félicien Marceau, Marcel Aymé, Edward Albee et la première pièce de Jean Poiret en 1970. Francis Lopez, Michèle Lavalard et Niels Arestrup figurent parmi les dirigeants ultérieurs, puis en 1993 la société La Française de Théâtre SA relance le théâtre sous la direction de Christian Spillemaecker et Bruno Moynot, privilégiant des spectacles comiques à grand succès. En 2010 le théâtre rejoint l'enseigne commune des Théâtres parisiens associés avec d'autres salles privées.
La façade en pierre de taille, précédée d'un petit parvis, est organisée en trois étages et trois travées ; les trois arcades surmontées de mascarons et encadrées par quatre piliers portent des cariatides sculptées d'après des modèles d'Albert‑Ernest Carrier‑Belleuse qui soutiennent le balcon de l'étage noble. L'étage noble présente un portique corinthien aux colonnes géminées, trois baies rectangulaires coiffées d'œils‑de‑bœuf et des motifs d'enfants musicaux, tandis que la corniche porte l'inscription "Théâtre de la Renaissance". Le niveau supérieur, en retrait et entouré d'une balustrade, comporte deux statues allongées tenant un cuir découpé où figure la date 1872 ; le toit à deux pans est couvert d'ardoise et percé de lucarnes. À l'intérieur, un foyer circulaire ouvre sur une salle d'environ quatorze mètres de large sur quatorze de profondeur, dont le parterre est ceinturé de plusieurs baignoires et surmonté de trois niveaux de balcons et d'un poulailler. Les loges du premier étage sont encadrées par des cariatides en plâtre ornées d'enfants portant une lyre, tandis que les cariatides ailées des grandes loges, dues à Jules Dalou, soutiennent la galerie supérieure. Le plafond se compose d'une coupole ornée d'une toile marouflée par Rubé et Chaperon figurant les allégories de la Comédie, de la Musique, de la Tragédie et de la Danse, et la salle est éclairée par un lustre en bronze à douze branches. La capacité actuelle de la salle est de 650 places.
Parmi les mises en scène de Firmin Gémier figurent des titres variés allant de pièces contemporaines à des adaptations, comme L'Écolière, Le Pain de ménage, Le Portefeuille, Le Quatorze Juillet, ainsi que des œuvres de Tristan Bernard, Jules Renard, Octave Mirbeau et Romain Rolland.
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