Origine et histoire du Théâtre
Le théâtre Hébertot, situé au 78 bis boulevard des Batignolles dans le 17e arrondissement de Paris, a été inauguré en 1838. Après la création de la commune des Batignolles-Monceaux en 1830, la municipalité demanda la construction d'une salle de spectacles, mais l'opération se heurta au privilège de 1817 accordé à Pierre-Jacques Seveste puis transmis à ses fils Edmond et Jules, qui contrôlaient les petites scènes situées hors des barrières de Paris. Malgré ce privilège, Besançon Souchet fit édifier en 1830 un théâtre rue Lemercier, conçu pour passer rapidement de salle de bal à salle de spectacle, mais il fut condamné pour défaut d'autorisation ministérielle, obtint ensuite l'accord du ministre après consultation des Sevestre et dut finalement vendre sa salle en 1833. Le ministère autorisa officiellement, le 3 juillet 1838, la construction d'un nouveau théâtre sur le boulevard des Batignolles ; une société réunissant négociants et propriétaires réunit un capital de 175 000 francs, confia la construction à l'architecte Adolphe Azémar et la direction aux frères Sevestre, si bien que la salle porta d'abord le nom de « théâtre des Batignolles ». En 1842, une pétition d'habitants critiqua l'influence des Sevestre, mais un arrêté ministériel fit de l'un d'eux le directeur du théâtre de 1843 à 1857. La gestion passa ensuite entre diverses mains — Libert et Gaspari, puis l'artiste Chotel dont la veuve reprit la direction après son décès —, et la société exploitante fut déclarée en faillite le 13 août 1886, provoquant une période de déclin. Maurice Landay reprit l'établissement en 1906 et le rebaptisa « théâtre des Arts » en 1907 ; Robert d'Humières en assura la direction jusqu'en 1909, ouvrant notamment avec La Tragédie de Salomé interprétée par Loïe Fuller. Entre 1917 et 1935, sous la direction de Rodolphe Darzens, la scène accueillit des interprètes et des textes majeurs, avec des artistes tels que Sacha Guitry, Edwige Feuillère, Georges et Ludmilla Pitoëff ou Charles Dullin. En 1940, le dramaturge et journaliste Jacques Hébertot donna au théâtre son nom définitif et le dirigea jusqu'à son décès le 19 juin 1970 ; la direction revint ensuite à son neveu François Daviel, puis, après le décès prématuré de celui-ci, à l'héritière Andrée Delattre. En 1972 Simone Valère et Jean Desailly tentèrent une reprise ; en 1973 Andrée Delattre confia finalement la direction à Patrick Barroux, qui entreprit d'importants travaux pour satisfaire la commission de sécurité et rouvrit la salle en 1976 sous l'appellation théâtre des Arts-Hébertot. Jean-Laurent Cochet prit la direction en octobre 1982, mit en place un théâtre d'alternance avec l'organisation administrative confiée à Serge Bouillon ; sa première saison proposa 21 spectacles différents, tous mis en scène par lui, et 330 représentations, ce qui valut au théâtre la réputation d'une « Comédie-Française bis », mais l'expérience s'acheva au bout de trois saisons pour des raisons financières. La direction fut ensuite assurée par Alain de Leuseleuc puis par Félix Ascot, et Philippe Caubère y créa deux spectacles en 1988 et 1989. Doté d'une salle à l'italienne de 630 places, le théâtre fut dirigé de 2003 à 2013 par Danièle et Pierre Franck, qui y créèrent une seconde salle, le Petit-Hébertot, de 110 places, confiée à Xavier Jaillard en mars 2009 ; en 2013 le comédien et metteur en scène Francis Lombrail racheta le théâtre en association avec Stéphane Prouvé, et sous la direction de Sylvia Roux le Petit-Hébertot devint le studio Hébertot à partir de juin 2015. Classé au titre des monuments historiques depuis le 1er août 1974, le théâtre Hébertot fait partie des établissements qui, en 2010, ont rejoint l'enseigne commune « Théâtres parisiens associés ». Au fil du temps, il a accueilli de nombreuses créations et reprises marquantes, depuis les mises en scène de Georges Pitoëff dans les années 1925–1927 jusqu'à des spectacles et interprètes célèbres cités dans sa programmation (Le Bal des voleurs, Caligula, Les Justes, L'École des femmes, Art, entre autres), ainsi que des mises en scène et créations signées par Claude Régy, André Barsacq, Marcelle Tassencourt, Samuel Benchetrit, Yasmina Reza, Philippe Caubère ou Ronald Harwood, et des comédiens tels que Gérard Philipe, Maria Casarès, Michel Bouquet, Jean-Louis Trintignant, Michel Galabru et Thierry Frémont. La façade du théâtre a par ailleurs servi de décor dans le film La Vénus à la fourrure de Roman Polanski.