Origine et histoire
Le théâtre des Célestins, aujourd'hui Les Célestins, théâtre de Lyon, se situe place des Célestins dans le quartier de Bellecour, 2e arrondissement de Lyon, et conserve plus de deux siècles d'histoire dramatique. Son nom rappelle le couvent des Célestins qui occupa le site de 1407 à 1779 ; avant cela, un édifice templier s'y trouvait jusqu'en 1312. Les religieux y édifièrent une abbaye et l'église Notre‑Dame‑de‑Bonne‑Nouvelle, utilisées jusqu'à la suppression du couvent par bref apostolique ; l'abbaye connut plusieurs incendies en 1501, 1622 et 1744 et accueillit en 1686 la confrérie des libraires et imprimeurs. L'ordre des Célestins fut dissous en 1779, les terrains et bâtiments furent vendus quelques années plus tard et le percement des rues Charles‑Dullin et Gaspard‑André fit disparaître l'ensemble conventuel.
La Société des Célestins, puis Compagnie des Célestins, créée définitivement en 1789, transforma la parcelle en jardin entouré de maisons et adapta le bâtiment claustral pour y aménager une salle de spectacle. Une première salle, dite théâtre des Variétés, fut inaugurée en 1792 dans les locaux de l'ancienne église désaffectée. Le théâtre connut ensuite des fermetures et des rénovations : un différend sur le loyer entraîna une fermeture en 1833 et le rachat par la ville permit la réouverture après 1838 ; un incendie partiel en 1853 provoqua une nouvelle remise en état, puis l'édifice vétuste fut entièrement détruit par un incendie en 1871.
L'architecte Gaspard André fut choisi à l'issue d'un concours en 1873 et le théâtre actuel, de style italien, fut édifié de 1873 à 1877 ; la grande salle, dont la scène occupe l'ancien emplacement du chœur de l'église, possède un plafond peint par J. Domer. Dans la nuit du 25 au 26 mai 1880, un incendie détruisit la toiture et la scène ; Gaspard André dirigea la reconstruction à l'identique et le théâtre rouvrit le 18 octobre 1881. L'édifice a peu été modifié depuis et a conservé sa machinerie scénique, notamment cintres et grils. Il a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1997.
Pendant les événements de mai 1968, le directeur Albert Husson accepta de cacher une partie des collections d'objets antiques de l'institut d'égyptologie de l'université de Lyon ; des machinistes transportèrent de nuit les caisses qui furent dissimulées durant un an dans une loge condamnée. Une rénovation majeure menée de 2003 à 2005 visait à assurer la sécurité, améliorer l'accueil et le confort du public, rendre le lieu plus accessible, offrir de meilleures conditions de travail aux professionnels et restituer les décors muraux et mosaïques prévus par Gaspard André. Ces travaux ont aussi créé en sous‑sol la petite salle Célestine, d'une capacité de 132 places ; celle‑ci fut inondée en janvier 2018 à la suite d'un débordement de la Saône et a nécessité une restauration. En 2023, l'intérieur du théâtre participa pour la première fois à la Fête des Lumières avec une projection holographique en grande salle, suivie l'année suivante d'une projection plus classique.
Le théâtre a accueilli de nombreuses personnalités et compagnies : Napoléon Ier y aurait assisté à une représentation et des acteurs tels que Sarah Bernhardt s'y sont produits. Sous la direction de Charles Moncharmont, de 1906 à 1941, le théâtre reçut des noms marquants du théâtre et du music‑hall, et son successeur Charles Gantillon introduisit des auteurs modernes et donna leur chance à de jeunes metteurs en scène. Les directions se sont succédé ensuite : Albert Husson et Jean Meyer nommés ensemble en 1968, Jean Meyer seul à partir de 1978, Jean‑Paul Lucet en 1985, Claudia Stavisky à partir de 2000 avec Patrick Penot en codirection dès 2002 puis Marc Lesage en 2014 ; Pierre‑Yves Lenoir a rejoint Claudia Stavisky en 2019 et dirige seul les Célestins depuis mai 2024.