Origine et histoire du Théâtre
Le Théâtre Renaud-Barrault, aujourd'hui souvent appelé Théâtre du Rond-Point, est un établissement parisien situé dans le 8e arrondissement, au 2 bis avenue Franklin-D.-Roosevelt, à proximité des Champs-Élysées. En 1838 l'architecte Jacques Hittorff est chargé par Louis-Philippe de construire une rotonde dans le grand carré des Jeux des Champs-Élysées ; inaugurée en 1839, elle est intégrée aux bâtiments de l'Exposition universelle de 1855 puis détruite l'année suivante. Une nouvelle rotonde, le Panorama National, est édifiée en 1860 par Gabriel Davioud à l'angle de l'avenue d'Antin et des Champs-Élysées pour présenter des peintures à 360 degrés ; le peintre Jean-Charles Langlois en assure la direction artistique et l'établissement est inauguré le 1er août 1860. À la fin du XIXe siècle, l'attrait pour les panoramas décline et, en décembre 1893, le site devient une patinoire couverte baptisée Palais de Glace, dotée d'une piste entourée d'un promenoir aux grands miroirs, d'une galerie décorée de fresques, d'un espace de restauration et d'un orchestre. Une petite usine frigorifique en sous-sol produisait glace et électricité, la patinoire restant une attraction prisée durant la Belle Époque et rouvrant chaque automne jusqu'à la fin des années 1970 ; Jean Cocteau en fait l'éloge dans ses Portraits-souvenir. En 1981 la compagnie de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, contrainte de quitter le théâtre d'Orsay, transfère et remonte dans la rotonde la structure mobile conçue pour ce théâtre ; la municipalité procède à des aménagements confiés aux architectes Biro et Fernier et accorde à la troupe un bail de vingt ans. Le théâtre ouvre en mars 1981 avec L'Amour de l'amour de Jean-Louis Barrault et, jusqu'en 1991, présente œuvres contemporaines et spectacles traditionnels venus d'Asie, associant auteurs comme Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Samuel Beckett et Yukio Mishima à des formes venues d'Extrême-Orient. En 1991 le ministère de la Culture confie le Rond-Point à une association présidée par Robert Abirached et, à partir du 1er janvier 1992, Chérif Khaznadar en assure la direction ; l'architecte Jean-Michel Wilmotte réalise des travaux pour aménager un vaste hall, une salle d'exposition, un restaurant et une librairie, et le lieu accueille l'Académie expérimentale des théâtres ainsi que des programmations de la Maison des cultures du monde et du festival d'automne. Marcel Maréchal prend la direction en 1994, la grande salle est remodelée puis baptisée salle Renaud-Barrault (760 places), la petite salle devient salle Jean Vauthier et la salle d'exposition galerie Audiberti ; la saison d'ouverture comprend notamment la trilogie de Paul Claudel et des œuvres comme Quoat-Quoat de Jacques Audiberti. Après une succession de directions et la création de la SARL Théâtre du Rond Point en 1995, Jean-Michel Ribes reprend la direction en 2001, recentre la programmation sur des auteurs vivants, renomme le lieu Rond-Point et ajoute une troisième salle ; le peintre Gérard Garouste réalise le nouveau logo, et depuis 2004 Stéphane Trapier collabore régulièrement pour les affiches. Sous la direction de Ribes 35 à 40 spectacles sont présentés chaque saison, selon sa volonté de proposer « pas ce que les gens aiment, mais ce qu'ils ne savent pas encore qu'ils aiment », et en décembre 2011 la présentation de Golgota picnic suscite des protestations de militants catholiques traditionalistes. Jean-Michel Ribes quitte la direction à la fin de 2022 ; à partir de 2023 la direction est assurée par Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Sur le plan financier, le théâtre adopte un statut hybride, soutenu à part égale par l'État et la mairie de Paris, les subventions représentant 45 % d'un budget plafonné à 9 millions d'euros ; en 2014 il reçoit près de 4 millions d'euros de subventions, dont une subvention d'exploitation de 1 960 000 euros HT de la mairie, tandis que la SARL déclare 64 % de recettes propres, dont 48 % de billetterie et apports artistiques. Le restaurant du théâtre, fermé en 2016 après une mise en faillite, a depuis rouvert et été entièrement redécoré par le scénographe Patrick Dutertre. En mai 2010 Jean-Michel Ribes et Jean-Daniel Magnin lancent Ventscontraires.net, une revue en ligne conçue comme une quatrième salle virtuelle pour des artistes de divers horizons ; en cinq ans la revue réunit environ 400 chroniqueurs et, depuis mai 2014, publie chaque mois un dossier thématique associant contributeurs et spécialistes. Parmi les chroniqueurs figurent humoristes, écrivains, dessinateurs et dramaturges tels que Christophe Alévêque, Fernando Arrabal, Pénélope Bagieu, David Foenkinos, Éric Reinhardt ou Martin Winckler. Le théâtre est desservi par les stations de métro Franklin D. Roosevelt (lignes 1 et 9) et Champs-Élysées – Clemenceau (lignes 1 et 13), et ses vues comprennent celles depuis le rond-point des Champs-Élysées, l'entrée du théâtre et le fronton de l'édifice.