Origine et histoire du Théâtre gallo-romain
Le théâtre gallo-romain d'Areines, situé sur la commune d'Areines (Loir-et-Cher), fait partie d'un ensemble monumental antique associant temple, thermes et des structures interprétées comme une nécropole à incinération. Il occupe un terrain plat de la rive gauche de la vallée du Loir, à 2 km à l'est de Vendôme, sur un site peu profond et non inondable, le niveau du Loir étant plus bas à l'Antiquité qu'à l'époque contemporaine. Le toponyme Areines, attesté au Xe siècle sous la forme « ad Arenas », évoque la présence de ce monument. La proximité de plusieurs édifices monumentaux dans un rayon d'environ 200 m suggère l'existence d'un sanctuaire rural ou d'un lieu de rassemblement pour la population des environs, éventuellement un conciliabulum, mais les motifs précis de ces réunions restent à préciser. Des habitats légers en bois et torchis devaient probablement se trouver à proximité. La situation du site en territoire carnute, à la fois éloigné d'Autricum (Chartres) et à distance comparable des territoires cénoman et turon, a sans doute influencé son implantation, sans que les raisons en soient connues.
Aucun vestige en élévation ne subsiste ; les restes orientés sous une faible couche de terre végétale ont été étudiés puis ré-enfouis. Le théâtre est repérable grâce à une légère ondulation du terrain, à des débris en surface et à la photographie aérienne ; il s'appuie cependant sur un petit monticule de six mètres de haut. La première fouille documentée remonte aux années 1860, lorsque des pierres mises au jour par le labour ont incité la Société archéologique du Vendômois à pratiquer des tranchées de sondage et à identifier le monument comme un théâtre, conformément à une tradition orale locale.
Le monument présente la forme d'un édifice de spectacles proche du plan antique classique, mais avec des anomalies : une cavea légèrement outrepassée et une façade rectiligne délimitant une arène incomplète ; les fouilles ne sont pas allées au‑delà du mur de façade et la scène n'a pas été mise au jour. Les fondations d'environ 0,40 m supportent des murs constitués d'un noyau de pierres scellées au mortier entre deux parements de petit appareil régulier. Un vomitoire axial, large de 1,80 m, s'ouvre à l'arrière de la cavea ; ses jambages sont constitués de pierres plus grosses que le reste de la maçonnerie. L'édifice mesure approximativement 68 m de diamètre et l'arène a une largeur estimée à 26 m ; la comparaison avec l'amphithéâtre de Néris‑les‑Bains conduit à estimer la capacité du monument d'Areines à plus de 2 000 spectateurs.
La nature de la maçonnerie permet d'envisager une datation au Haut-Empire ; des monnaies trouvées à proximité quelques décennies avant les fouilles, dont une datée de l'an 167 sous le règne de Marc Aurèle, encadrent cette fourchette. Des photographies aériennes prises en 1976, lors d'une période de sécheresse, ont permis d'affiner le plan et de faire apparaître des contours difficiles à percevoir au sol. Elles ont révélé une arène presque circulaire interrompant le mur de scène et deux vomitoires supplémentaires, parallèles au mur de scène au bas de la cavea, dont la largeur est estimée à 2,70 m. La cavea repose, comme l'avaient indiqué les premières fouilles, sur cinq murs concentriques d'environ 1,5 m d'épaisseur et sur plusieurs murs radiaux, certains délimitant des compartiments remblayés de terre. Dans cette configuration, le monument présente des affinités avec le théâtre de Sanxay.
Inscrit au titre des monuments historiques en 1988, le théâtre d'Areines est un exemple d'édifice associant les caractéristiques d'un amphithéâtre — une arène circulaire ou elliptique complète — et d'un théâtre — une cavea incomplète n'occupant qu'à peu près la moitié du monument. Ce type particulier, dont la qualification (amphithéâtre ou théâtre) reste discutée, se rencontre surtout en Gaule et principalement dans des ensembles monumentaux ruraux ; il pourrait avoir été conçu pour permettre des spectacles de nature plus diversifiée.
