Origine et histoire du Théâtre municipal
Le théâtre municipal de Castres, réalisé par l'architecte Joseph Galinier, se situe face aux jardins de l'évêché, près du palais épiscopal et de la cathédrale Saint‑Benoît. Une tradition théâtrale existe à Castres depuis la fin du XVIIIe siècle, avec des représentations organisées dès 1784 à l'hôtel Frascaty, l'autorisation de troupes itinérantes l'année suivante et l'ouverture de deux salles de spectacle peu après. Après un siècle d'activité, l'intérêt pour le théâtre décline à partir de 1858, ne laissant que des troupes ambulantes. Soucieux de redonner un lieu de représentation aux sociétés musicales locales et de distraire la garnison, la municipalité décide en 1891 de construire une salle lyrique dans le quartier historique. Le projet est confié à Joseph Galinier ; les plans sont approuvés à la fin des années 1890 et les travaux s'achèvent avec l'inauguration en 1904. L'intérieur est décoré dans l'esprit de l'Art nouveau : le tableau du foyer est daté de 1902 et le plafond de la salle est attribué à Jean‑Paul Laurens, auteur également d'autres compositions peintes pour le théâtre. Le sculpteur Viala a réalisé des motifs en staff et en carton‑pierre appliqués sur une ossature en fonte, renforçant le parti décoratif Art nouveau. En 1931, le bâtiment est adapté à la projection cinématographique, puis il connaît une période d'inutilisation après la Seconde Guerre mondiale. Une rénovation et une mise aux normes de sécurité ont eu lieu en 1982 ; ces travaux entraînent la disparition de la machinerie de scène d'origine et de certains éléments de décor, comme des papiers peints. Le théâtre a fait l'objet de protections au titre des monuments historiques le 3 février 2000 : la salle de spectacle et le foyer sont classés, le reste de l'édifice est inscrit. L'entrée principale est marquée par un avant‑corps en granite gris à bossage irrégulier, rythmé par un arc en voussure qui s'étend sur deux niveaux et ouvre sur le vestibule au rez‑de‑chaussée et le foyer à l'étage. Cet avant‑corps est flanqué de deux élévations latérales abritant les escaliers de desserte et surmonté d'un fronton centré orné d'un blason rocaille aux armes de la ville, surmonté d'une lyre et cantonné de deux lions couchés inscrits dans des rinceaux. Le parti extérieur s'inspire du XVIIIe siècle et de l'art rococo italien, tandis que des éléments d'ornementation, comme une double porte en anse de panier aux ferronneries Art nouveau, tranchent avec le style historiciste de la façade. Des détails sculptés — tête de tigre à l'angle de l'entrée, fenêtres en trompe‑l'œil destinées à l'entrée des décors — participent au caractère scénique du bâtiment. Des travaux ultérieurs ont été menés pour améliorer le confort du public tout en préservant les décors et les caractéristiques protégées de l'édifice.