Origine et histoire
L’Opéra‑Théâtre de Metz, anciennement Hôtel des Spectacles puis Opéra‑Théâtre de Metz, est situé place de la Comédie sur l’île du Petit Saulcy. Avant sa construction, la salle de jeu de paume « Chatin », à côté de l’hôtel Gargan en Nexirue, servait de lieu de théâtre. L’île du Petit Saulcy, nommée d’après les saules plantés sur ses rives, était autrefois une lande boueuse utilisée comme dépôt de bois de chauffage. La ville la pave en 1732, y dote des quais, fait édifier l’Hôtel des Spectacles et relie l’île au quartier des Roches, à la ville haute et à l’extrémité de l’île Chambière par de nouveaux ponts. Dès l’origine, le théâtre forme, avec le pavillon Saint‑Marcel et celui de la Douane, la façade de la nouvelle place conçue par le gouverneur, le duc de Belle‑Isle, dans le cadre d’un projet urbain aboutissant notamment à la place d’Armes. Construit de 1738 à 1752 dans un style classique d’influence toscane, l’édifice est élevé en même temps que l’hôtel de l’Intendance. Après des errements de l’architecte Charles‑François Roland dit « Le Virloys », le projet est repris par l’architecte messin Jacques Oger, avec les conseils techniques du machiniste Landot et du décorateur Pierre Deleuze. Les travaux furent interrompus pendant huit ans en raison de la guerre de Succession d’Autriche. Inauguré par un bal public le 3 février 1752, ce théâtre à l’italienne est le plus ancien théâtre encore en activité en France. En 1754, un péristyle de vingt‑et‑une arcades réunit les trois pavillons et crée une terrasse au centre de la composition architecturale. Sous le fronton se lit une inscription révolutionnaire, « PLACE DE L'EGALITE » ; les pierres qui la portent ont été déplacées et apparaissent aujourd’hui, de gauche à droite, dans cet ordre : « PLAC » (le C partiellement coupé), « LITE », « L » (coupé), « E DE », « _EGA ». Entre février et juillet 1794, une guillotine surnommée La Louise fut dressée sur la place et provoqua trente‑trois exécutions. En 1858, le sculpteur Charles Pêtre orna le couronnement de la façade d’allégories représentant la Tragédie, l’Inspiration, la Poésie lyrique, la Comédie et la Musique ; l’intérieur actuel date aussi de cette époque, avec des agrafes d’arcades au rez‑de‑chaussée ornées de figures féminines et de têtes de satyres. En 1868 une grande fontaine, aujourd’hui disparue, fut érigée au centre de la place pour célébrer l’arrivée des eaux de Gorze. En 1887, pour réduire le risque d’incendie lié aux lampes à huile, la ville électrifia le théâtre et équipe le moulin des Thermes de turbines, faisant de lui la première usine de production électrique et assurant aussi l’éclairage public des places de Metz. L’Hôtel des Spectacles, devenu Opéra‑Théâtre, n’a pas changé d’affectation depuis son inauguration et a accueilli de nombreuses troupes et artistes, notamment Sarah Bernhardt dans Tosca (1905) et La Dame aux camélias (1909), Kathleen Howard qui débuta en 1907 dans Les Contes d’Hoffmann, et Jean Cocteau pour les décors de Pelléas dans les années 1960. Otto Brucks fut directeur de 1906 à 1914 ; son mariage avec la comtesse Marie von Wallersee‑Larisch suscita un scandale qui porta atteinte à sa carrière, et il mourut à Metz en janvier 1914. Sous la direction de Paul‑Emile Fourny depuis 2011, l’établissement fonctionne en permanence avec plus de 103 personnes, dont un chœur de 24 choristes et un corps de ballet de 14 danseurs. Il conserve ses propres ateliers de fabrication de décors et de costumes et propose chaque année un programme mêlant opéras, pièces de théâtre, ballets, opérettes, nouvelles productions lyriques et créations du Théâtre de Metz. Les façades et les toitures sont classées au titre des monuments historiques depuis le 6 janvier 1930 ; l’Opéra‑Théâtre, placé sous la tutelle de la communauté d’agglomération de Metz Métropole, est membre de la Réunion des opéras de France.