Origine et histoire du Théâtre
Le théâtre national de l'Opéra-Comique, dit salle Favart, est une salle de spectacles située place Boieldieu dans le 2e arrondissement de Paris et possède le statut d'établissement public à caractère industriel et commercial. L'Opéra-Comique trouve son origine dans des troupes de foire et a été fondé en 1714 ; le décret de la même année autorisa la troupe à disposer d'un théâtre à condition d'intercaler des dialogues parlés, ce qui définit depuis l'opéra-comique. La troupe a été accueillie de façon permanente à la salle Favart entre 1783 et 1801, puis de 1840 à 1971. La première salle Favart, conçue par Jean‑François Heurtier, fut inaugurée en 1783 ; elle fut détruite par un incendie en janvier 1838. Une deuxième salle, reconstruite par Théodore Charpentier et dirigée par François‑Louis Crosnier, ouvrit en 1840 mais fut elle aussi détruite par un incendie en mai 1887. La salle actuelle, élevée par Louis Bernier, fut inaugurée en 1898 sur le même emplacement et conserve depuis la vocation lyrique du lieu. L'architecture de Bernier, d'inspiration éclectique et influencée par le palais Garnier, associe une riche statuaire, des mosaïques de Facchina et des décors réalisés par des artistes tels qu'Albert Maignan, Henri Gervex, Luc‑Olivier Merson, Benjamin‑Constant, Raphaël Collin et François Flameng. La façade, l'attique et le grand foyer sont ornés de cariatides, de muses et de nombreuses sculptures dont des oeuvres de Denys Puech, Ernest Guilbert, Antonin Mercié et Maurice Guiraud‑Rivière. Le décor intérieur réunit peintures, mosaïques et bustes commémorant compositeurs et librettistes — Méhul, Bizet, Massenet, Debussy ou Ambroise Thomas figurent parmi les hommages visibles — ainsi que des médaillons rappelant les auteurs et interprètes liés à l'histoire de l'Opéra‑Comique. La salle, dite « à la française », offrait 1 500 places en 1898 et compte aujourd'hui environ 1 200 places ; la salle conserve des loges soutenues par des cariatides, un manteau de scène orné et un plafond peint par Benjamin‑Constant. Les dimensions principales sont indiquées : longueur 58,50 m, largeur 30,15 m, hauteur 36,33 m, et le troisième dessous se situe 5,95 m sous le niveau du sol ; la scène s'ouvre sur 10,10 m pour une largeur de 16,30 m et une profondeur de 14,50 m. La salle a été pionnière pour son équipement électrique et ses mesures de sécurité à la fin du XIXe siècle, avec un éclairage électrique abondant signé Christofle et l'emploi de matériaux incombustibles, d'un rideau de fer et d'installations d'incendie. L'Opéra‑Comique a traversé des périodes de difficultés financières et d'interventions étatiques : en 1936 il fut rattaché à la Réunion des théâtres lyriques nationaux, puis intégré à un établissement public en 1939. Après une fermeture et une période d'Opéra‑Studio dans les années 1970, la salle recouvra progressivement son activité et son autonomie, notamment à partir de 1990. Le décret n°2004‑1232 du 1er janvier 2005 a fixé le statut moderne du Théâtre national de l'Opéra‑Comique, qui a une mission élargie allant de la musique baroque à la création contemporaine. Sa gouvernance repose sur un conseil d'administration dont la présidence a été confiée à Jean‑Yves Larrouturou par décret du 4 avril 2018. La direction a été assurée par Jérôme Deschamps à partir de 2007, puis par Olivier Mantei de juin 2015 à octobre 2021 ; Louis Langrée est nommé à compter du 1er novembre 2021. Une fondation, créée en 2007 sous l'égide de la Fondation de France, soutient le rayonnement et l'accès au répertoire de l'Opéra‑Comique. L'établissement abrite également des ateliers — dont un atelier de costumes et de teinture employant des techniques traditionnelles — et participe au partage du patrimoine scénique en transmettant certains costumes au Centre national du costume de scène. La salle Favart conserve ainsi une forte charge historique et artistique, mêlant continuité institutionnelle, qualités architecturales et engagement pour la création lyrique.