Origine et histoire du Théâtre romain
Le théâtre romain de Soissons a été construit dans la seconde moitié du Ier siècle à Augusta Suessionum, chef-lieu de la civitas des Suessiones, qui deviendra Soissons. Progressivement démantelé à partir du IIIe siècle, il n'est perceptible aujourd'hui que par une anomalie de relief dans le parc du lycée Saint-Rémy ; aucun vestige en élévation ne subsiste. Il est classé monument historique depuis 1875.
Installé au sud de la ville antique et adossé au relief de la colline Saint-Jean, le théâtre se développait à proximité d'une voie antique reliant Soissons à Durocortorum (Reims). Dans la ville moderne, son emprise est enfouie dans la cour et le parc du lycée Saint-Rémy ; le mur de scène est sensiblement perpendiculaire à la rue du Théâtre romain.
La cavea présente un diamètre de 144 m et une hauteur estimée à 12 m, soit une largeur légèrement inférieure à celle du théâtre d'Autun. Tous les murs sont parementés en petit appareil ; des séries de contreforts en demi-lune, aux extrémités de la façade, contribuaient à contenir la poussée des structures. Le dispositif scénique a disparu, mais des vestiges attribuables au pulpitum permettent de proposer une scène d'une largeur équivalente à celle de la cavea et un bâtiment de scène profond de 12 à 15 m. Albert Grenier a proposé une datation de la construction dans la seconde moitié du Ier siècle.
Dès le IIIe siècle, le monument a servi de carrière : sa façade fut entièrement démantelée pour contribuer à l'enceinte du Bas-Empire, et des matériaux en remploi pourraient avoir été utilisés pour l'église Saint-Pierre-au-Parvis. Les « ruines romaines » sont évoquées dès le XVIe siècle, parfois interprétées comme ouvrage fortifié ou temple, puis les premiers vestiges mis au jour lors de la construction du grand séminaire au XVIIe siècle furent reconnus comme ceux d'un théâtre au début du XIXe siècle. Aucune campagne importante de fouilles n'a été menée depuis les études des années 1840 par Jules de La Prairie et les élèves du grand séminaire. Des prospections géophysiques réalisées dans les années 2010 ont permis d'établir un plan plus précis du monument et de montrer que d'anciennes caves réutilisent les murs des gradins.
L'emprise du théâtre se signale aujourd'hui par une colline en demi-lune matérialisant la cavea ; une association assure des visites guidées du site. Des ressources documentaires et des notices (Mérimée, Theatrum), ainsi que des illustrations sur Wikimedia Commons, complètent les travaux publiés, notamment ceux de Denis Defente et d'Édouard Fleury.