Origine et histoire des Thermes de Saint-Sauveur
Les thermes de Saint-Sauveur prennent leur origine au XVIe siècle et s'appuient sur une source fréquentée au moins depuis le XVe siècle. En 1572, l'évêque de Tarbes fit édifier un petit bâtiment précaire près de la source, dont les eaux furent officiellement reconnues et déclarées "sources d'État" en 1730. Vers 1750, l'aménagement se limitait à un bassin couvert par une voûte partiellement creusée dans le roc. La réputation du site s'affermit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle grâce à l'abbé Bézégua, qui se soigna de troubles digestifs et mit en évidence l'efficacité des eaux pour les affections féminines ; il acquit une maison, capta un filet d'eau et exploita trois baignoires. L'établissement thermal résulte de la réunion des bains de Bézégua — dont l'exploitation commerciale fut ensuite interdite — et des bains publics voisins, et certains documents officiels évoquent encore les thermes Bézégua au début du XIXe siècle. Avant la Révolution, le site comprenait cinq à sept maisons de bains alimentées par une seule source sulfureuse, totalisant treize baignoires. En 1808, l'établissement connut des améliorations significatives avec des baignoires en marbre, des cabinets "commodes et bien fermés" et l'installation d'une douche. Après les visites de la duchesse d'Angoulême en 1823 et de la duchesse de Berry en 1828, la commune fit reconstruire un établissement de quatorze baignoires selon les plans confiés à l'architecte départemental Pierre Artigala, travaux réalisés entre 1829 et 1832 pour un coût estimé à 42 000 francs. Les projets d'aménagement furent soumis au Conseil des Bâtiments civils entre 1812 et 1835, qui adopta notamment le 6 mars 1835 un projet d'agrandissement estimé à 38 000 francs, mais avec réserve. Lors d'une visite en 1853, Edouard Filhol, accompagné de l'ingénieur Jules François, du médecin inspecteur Fabas et de l'architecte Edmond Chambert, jugea l'établissement, alors pourvu de seize cabines, de deux douches et d'une buvette, "remarquable par son élégance et sa simplicité". À l'occasion du séjour de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie en 1859, les thermes furent à nouveau agrandis d'après les plans de l'architecte J. Normand et de l'ingénieur Jules François, lui-même auteur de plusieurs inspections et rapports entre 1845 et 1864. Sur le plan architectural, l'ensemble se compose d'une entrée en portique à colonnes, d'un grand hall central bordé de portiques et de deux étages de cabines de bains en marbre de différentes couleurs, desservis par une petite galerie voûtée d'arêtes percée d'un oculus. La composition essentielle de l'édifice n'a guère été modifiée depuis l'époque de Napoléon III, malgré des remaniements et modernisations ultérieurs, notamment ceux entrepris par l'architecte Macary en 1930. Les thermes furent inscrits au titre des Monuments historiques en 1975. Après une rénovation importante en 1995, une extension intégrée aux bâtiments contigus, réalisée par l'architecte Michel Authié en 2004 et dénommée Luzéa, atteste de l'adaptation de l'établissement au thermoludisme du début du XXIe siècle. La modernisation s'est poursuivie avec l'installation de nouveaux équipements en 2009, dont une machine de thalaxion, distinction qui valut aux thermes le Prix de l'Innovation en 2010.