Origine et histoire des Thermes romains de Cimiez
Les thermes romains de Cimiez constituent un vaste ensemble thermal de l'ancienne cité de Cemenelum, situé dans le quartier résidentiel de Cimiez à Nice. Le site est protégé au titre des monuments historiques depuis 1947.
Les ruines du frigidarium et de l'amphithéâtre proches sont restées visibles depuis l'Antiquité ; le frigidarium a longtemps été nommé à tort "Temple d'Apollon". L'architecte florentin San Gallo a relevé ces vestiges au XVIe siècle. Des fouilles menées par l'architecte niçois François Brun dans la seconde moitié du XIXe siècle ont permis d'identifier les thermes de l'Est, et des campagnes durant la Seconde Guerre mondiale, notamment en 1943, ont mis au jour plusieurs salles comme le destrictarium, le tepidarium, le laconicum et le frigidarium. Entre 1954 et 1970, Fernand Benoit et Danielle Mouchot ont dégagé trois ensembles thermaux sur environ deux hectares, qu'ils ont désignés thermes du Nord, de l'Est et de l'Ouest. Un nouveau programme collectif dirigé par Monique Jannet-Vallat, conservatrice du musée archéologique de Cimiez, a repris les fouilles en 2004. Seule une très faible partie de la ville antique a été fouillée ; à proximité des thermes, on a identifié un cardo et un decumanus secondaire.
La datation des constructions reste incertaine : certains éléments en arase de briques évoquent une phase plus tardive tandis que l'emploi de l'opus spicatum renvoie à des traditions constructives plus anciennes. Les trois ensembles suivent la même logique d'implantation, avec un axe commun et une succession de salles identique. Les bâtiments, ouverts par de larges baies vitrées dont de nombreux fragments ont été retrouvés, sont bâtis en opus mixtum ; les parties réfractaires des foyers utilisent de la cinérite de Biot, les murs étaient plaqués de marbre et les sols associent pavements en marbre et opus sectile. L'eau provenait vraisemblablement d'un ou deux aqueducs de la cité, évoqués comme ceux de Falicon et de Mouraille, et l'évacuation est assurée par un réseau d'égouts et de canaux encore visible.
Les thermes du Nord forment le plus vaste et le mieux conservé des trois ensembles. Sur un axe sud-est/nord-ouest, les vestiaires conduisent à la palestre puis au frigidarium, suivis des trois pièces chauffées : le tepidarium, qui donne accès au laconicum circulaire, le destrictarium et le caldarium ; le praefurnium alimentant le chauffage se situe au nord de ces salles. Au sud de la palestre se trouvent une piscine péristyle, des latrines et, dans l'angle sud-ouest, un espace interprété comme un jardin.
Les thermes de l'Est reproduisent la même organisation générale ; les vestiaires n'ont pas été retrouvés mais une palestre précède le frigidarium et les trois salles chauffées, le système de chauffage avec cheminée d'évacuation des gaz se situant au nord. Une piscine à nymphée se développe au nord des bâtiments et un jardin probable s'étend au sud, comprenant dans son angle sud-est une salle froide fermée, la schola et une fontaine.
Les thermes de l'Ouest, les moins bien conservés en raison de l'installation d'un groupe épiscopal à l'Antiquité tardive, conservent néanmoins le même axe et la même succession de pièces : frigidarium, tepidarium avec laconicum, destrictarium, caldarium, praefurnium au nord et palestre au sud dotée d'une piscine dans son angle sud-est. Au début du Ve siècle, le premier évêque de Cimiez, Saint Valérien, y installe un groupe épiscopal comprenant la cathédrale, le baptistère, ses dépendances et la résidence épiscopale au nord des thermes ; la basilique est édifiée sur les murs romains en réemploi et certaines colonnes des thermes du Nord servent à la construction du baptistère.
Le terrain des fouilles a été inscrit par arrêté le 24 août 1943, les thermes du Nord classés par décret le 30 août 1947 sous le nom de "Temple d'Apollon", et des parcelles ou parties de parcelles ont été classées par arrêté le 31 mars 1958.