Origine et histoire du Tombeau de Chateaubriand
Le tombeau de François-René de Chateaubriand se trouve sur l'îlot du Grand Bé, accessible à marée basse, à Saint-Malo ; l'ensemble de l'îlot est lié au système défensif de la ville. Classé au titre des monuments historiques depuis 1954, il est installé près du bord de la falaise et orienté vers la mer, conformément au vœu de l'écrivain : « le bruit berça mon premier sommeil ». Chateaubriand recherchait depuis 1823 un lieu d'inhumation sur une petite île ; il demanda en 1828 la concession de la « pointe occidentale du Grand Bey », demande d'abord rejetée par le conseil municipal au motif de sa vie publique et privée. En 1831, l'intervention du poète Hippolyte de La Morvonnais auprès du maire Louis Hovius obtint l'accord du conseil, sous réserve d'une autorisation du ministre de la guerre, et le tombeau fut achevé en 1838. Menacé par l'érosion dès 1924, il aurait pu être déplacé avec l'accord de la famille, mais l'absence de consensus entre experts maintint l'ouvrage à son emplacement d'origine. À l'origine entouré de rambardes en fer de style néogothique, le tombeau fut partiellement endommagé en 1944 par un obus ; la rambarde fut alors remplacée par un projet à trois côtés, décidé par l'architecte en chef des Monuments historiques Raymond Cornon, afin de préserver la relation du monument avec la mer. Respectant le souhait de Chateaubriand de n'apposer aucune inscription sur sa tombe, Cornon conserva une surface sans nom, mais une plaque non nominative fut posée sur le mur arrière portant l'inscription : « Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n'y entendre que la mer et le vent. Passant respecte sa dernière volonté. » Valentin Louis Doutreleau représenta le tombeau sur une grande toile en 1848 ; cette œuvre fut détruite en 1944, seule l'esquisse subsiste au musée d'Histoire de la Ville et du Pays Malouin. Le site reste fortement soumis à l'érosion : les visiteurs ne peuvent plus faire le tour du monument et l'une des bornes de granite se trouve désormais en limite d'un vide. La municipalité de Saint-Malo, propriétaire du tombeau, a demandé en 2023 une étude préalable en vue d'éventuelles mesures de conservation. Le lieu a attiré des visiteurs célèbres : Flaubert s'y est recueilli et l'évoque dans Par les champs et par les grèves, et Simone de Beauvoir, dans La Force de l'âge, rapporte que Jean-Paul Sartre manifesta son mépris en urinant sur le tombeau lors d'une visite. Une anecdote étymologique mentionne que le terme breton "be" signifierait tombe, sans que l'on sache si ce sens a influencé le choix du site par l'écrivain.
