Origine et histoire
Prosper Mérimée, atteint d'une maladie respiratoire, séjourne de plus en plus régulièrement à Cannes à partir de 1858 où il mène une vie mondaine, s'intéresse aux transformations de la ville comme le chemin de fer ou le canal de la Siagne et parcourt les environs à la découverte du patrimoine, sensible à la flore, à la faune et aux paysages méditerranéens. Il ne rompt toutefois pas le lien avec Paris et y revient une dernière fois en 1870 pour tenter d'influer sur le sort de l'impératrice, alors que le Second Empire s'effondre. De retour à Cannes, il meurt le 23 septembre 1870 vers 23 heures et est inhumé au cimetière du Grand Jas, dans le carré protestant. Le cimetière du Grand Jas, inauguré en mars 1866, fait partie des aménagements publics réalisés sous le Second Empire, conséquence du développement de la villégiature cannoise amorcé par l'arrivée de Lord Brougham en 1834. La sépulture de Mérimée, située dans le quartier Est, 6e allée, n° 87, est en marbre et d'un style sobre, sans signes religieux apparents. L'arc Tudor qui couronne la stèle rappelle l'attachement de l'écrivain et de son amie britannique Frances Lagden à l'Angleterre. Frances Lagden, sa dame de compagnie, achète la concession le 13 janvier 1871 et repose elle aussi dans la même tombe. Sur la pierre tombale en marbre blanc est gravé un verset en anglais tiré de la Bible du roi Jacques, « both lay me down in peace and sleep… », accompagné de sa traduction française ; il s'agit du dernier verset du psaume 4, version de référence dans l'Église anglicane. En 1868 Alexander Munro réalise deux médaillons en plâtre, constituant l'un des derniers portraits de Mérimée ; un exemplaire est donné par l'écrivain à Oleg Tripet-Skrypitzine, l'autre revient au docteur Gimbert. Munro, lui aussi souffrant d'une maladie respiratoire, séjourne à Cannes où il meurt en 1871. Un exemplaire du médaillon, réalisé en bronze d'après le plâtre d'Alexander Munro, est fixé sur la stèle de la tombe le 2 novembre 1932 à l'initiative du comité des Amis de Mérimée. L'année de sa mort, une plaque votive est apposée sur la maison Sicard, lieu de résidence de Mérimée à Cannes, et un buste en plâtre est exécuté pour lui rendre hommage ; la version définitive en bronze ou en marbre ne sera finalement pas réalisée et le plâtre, après une période d'oubli dans les sous-sols de la ville, est transféré au péristyle de la bibliothèque municipale à la Villa Rotschild. À l'occasion du centenaire de sa mort, une stèle-effigie est élevée et inaugurée le 26 septembre 1970 au square Mérimée avec une reproduction du médaillon ; cet hommage, organisé par la Société culturelle méditerranéenne, est ponctué d'un discours de Jean Mistler de l'Académie française. Le tombeau de Prosper Mérimée a été inscrit au titre des Monuments historiques par arrêté du 7 juin 2019.