Origine et histoire de la Tour à diables
L’enceinte d’Orchies, ancien dispositif de fortifications protégeant la ville du Nord, n’a conservé aujourd’hui que la Tour à Diables, datée de 1414. Classée au titre des monuments historiques le 14 avril 1922, la tour a été rachetée par la Ville d’Orchies le 19 décembre 2023. Située en centre-ville, elle faisait autrefois partie de la ceinture fortifiée et est désormais intégrée à un jardin à la suite des extensions urbaines et des transformations survenues après la Première Guerre mondiale. De plan circulaire et d’un diamètre d’environ sept mètres, la tour est élevée en briques sur un soubassement de blocs de grès équarris. Un bandeau de briques ceinture la base du chemin de ronde, unique ornement extérieur notable. La tour comporte quatre niveaux : un niveau inférieur semi-enterré, un niveau principal, le chemin de ronde et une partie supérieure dédiée à la tour de guet. La circulation intérieure s’effectue par une tour d’escalier accolée, où une vis en grès dessert les trois premiers niveaux. Les toitures, couvertes d’ardoises, prennent une forme en poivrière pour la tour principale et pour la tour d’escalier, tandis que le chemin de ronde est abrité par une toiture en appentis. Les murs extérieurs conservent des arrachements verticaux au nord-est et au sud-est, vestiges de la jonction avec les anciens remparts. De nombreuses niches, embrasures de tir et ouvertures témoignent des fonctions militaires de l’édifice ; certaines ont été rebouchées et d’autres modifiées en lien avec l’évolution de l’artillerie. La première enceinte d’Orchies remonterait probablement au XIIIe siècle, tandis que la Tour à Diables est attribuée au XVe siècle. En 1414, lors de la guerre de Cent Ans, Orchies est incendiée par les Bourguignons, puis la ville se dote d’une nouvelle enceinte autorisée par Charles Quint et comprenant plusieurs tours de guet. Le plan de Deventer de 1545 représente la cité entourée de remparts avec sept tours circulaires et cinq portes ; la Tour à Diables, située à l’angle ouest de la ville médiévale, servait au flanquement de ce secteur stratégique. Outre sa fonction défensive, la tour a servi de prison, comme l’attestent des gravures (bâtons de compte, noms et dates) datées des XVIIe et XVIIIe siècles. Un plan de 1796 la signale comme « magasin à poudre ». Les fortifications d’Orchies ont été progressivement démantelées à partir de 1826, mais la tour a été conservée. Endommagée pendant la Première Guerre mondiale, elle a fait l’objet de restaurations après son classement ; les toitures ont été reconstruites et ont pris leur forme actuelle en poivrière, tandis qu’une partie des remparts adjacents a disparu après 1931.