Origine et histoire de la Tour
La tour dite de César est un donjon du XIIe siècle, situé au sommet de la colline de la ville haute de Provins (Seine-et-Marne). Elle est le seul donjon octogonal à base carrée connu et a également servi de prison. Le site est occupé dès le IXe siècle par un castrum ou oppidum qui comprenait une enceinte abritant un palais comtal avec grandes salles, chapelles, logis et cuisines. Une tour est déjà mentionnée en 1137 dans la charte fixant les limites des foires de Champagne. L'édifice actuel, construit sur un éperon rocheux, porte plusieurs appellations anciennes : « tour du Roi », « Grosse Tour » ou « tour aux prisonniers » ; selon André Châtelain, sa construction remonterait au règne d’Henri le Libéral, après 1150. La tradition attribue parfois son origine à Jules César, mais aucune source ne confirme sa venue ; le nom relève plutôt d’un symbole de puissance. À l’origine, la tour était découverte et terminée par des créneaux ; le toit et la charpente actuels datent des XVIe et XVIIe siècles, et la tour a été couverte en 1554. Durant la guerre de Cent Ans, elle fut occupée par les Anglais qui renforcèrent sa base par une lourde muraille après le siège de 1432. Elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1846.
La tour est implantée sur une motte artificielle et s’appuie sur les murs des fortifications, jouant le rôle de donjon et de poste de guet. Son plan est carré à la base et devient octogonal à mi-hauteur ; quatre tourelles se détachent au niveau du premier chemin de ronde. Deux chemins de ronde permettaient la surveillance de la plaine de Brie ; la terrasse portait une tour de guet et un chemin de ronde crénelé. La base a été renforcée par une muraille en maçonnerie ajoutée par les Anglais.
À l’intérieur, le rez-de-chaussée comprend une grande salle voûtée utilisée comme entrepôt pour l'intendance. L’étage supérieur, plus haut, formait la « salle des gardes », centre de communication de la tour d’où partent les escaliers vers la salle basse, la chambre du gouverneur et les chemins de ronde. La voûte est percée d’un « trou de service » communiquant avec le dernier chemin de ronde. Les cachots se trouvent dans l’épaisseur des murs et s’atteignent par de étroits couloirs.
La tour a servi de beffroi : des six cloches d’origine, cinq furent brisées et fondues en 1793 et 1798 pour la fabrication de canons et de monnaie. La plus grosse, fondue en 1511, est la seule restante ; elle a un diamètre de 1,48 m, pèse environ 3 000 kg et porte l’inscription citée. Une petite cloche date de 1889. Des cloches provenant de la tour-clocher de l’église Saint-Quiriace effondrée furent installées en 1689. La charpente en bois qui couvre et protège les cloches est conservée.
La tour offre des vues remarquables : depuis le chemin de ronde l’ouest regarde vers la ville haute et l’est vers la ville basse, et elle est visible depuis la place Saint-Quiriace, la rue de la Pie, la ruelle des Morts et le vignoble. Jean Pheulpin a dessiné et gravé la tour pour un timbre-poste émis en France en juin 1964.