Tour d'Arlet de Caussade dans le Tarn-et-Garonne

Patrimoine classé Patrimoine défensif Tour

Tour d'Arlet de Caussade

  • Place de l'Église
  • 82300 Caussade
Tour dArlet de Caussade
Tour dArlet de Caussade
Tour dArlet de Caussade
Tour dArlet de Caussade
Tour dArlet de Caussade
Crédit photo : Pascal Hoffmann - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

2e moitié XIIIe siècle

Patrimoine classé

Tour d'Arlet, y compris les peintures murales (cad. AC 191) : classement par arrêté du 23 novembre 1989

Origine et histoire de la Tour d'Arlet

La tour d'Arlet, ou tour d'Arles, est une maison-tour patricienne médiévale de Caussade, construite dans le troisième quart du XIIIe siècle. Elle se situe dans le centre ancien de Caussade (Tarn-et-Garonne), à l'ouest de la place Notre-Dame, en face de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption. Propriété de la municipalité, la tour a fait l'objet d'une étude historique et archéologique en 1995 confiée au bureau Hadès qui a servi de base au projet de l'architecte en chef des monuments historiques Régis Martin ; des travaux de rétablissement des volumes intérieurs et des ouvertures ont été conduits entre 1997 et 1999. Des sondages pour l'étude des peintures ont été réalisés en 1988, l'étude a été reprise en 2004 avec un essai de nettoyage, puis un nettoyage d'ensemble en 2009 a permis une nouvelle lecture du décor de la pièce principale du second étage. L'étude archéologique montre que la maison-tour a été édifiée en une seule phase au XIIIe siècle, à l'exception de la partie supérieure. Elle s'adossait à une première enceinte extérieure qui entourait le noyau primitif centré sur l'église et englobant le château vicomtal, et plusieurs maisons-tours chevaleresques se trouvaient alors contre cette enceinte. Le compoix de 1640 mentionne cinq autres maisons qualifiées de « tour » dans la gâche d'Estivenque ; la plupart ont disparu, seuls subsistent la tour-porte de l'Arbot et la maison dite de la Taverne, situées à l'intérieur de la seconde enceinte attestée au XVIe siècle. Des destructions dans les rues de la Placette et Basse au début des années 2000 ont mis au jour des pans de mur de la première enceinte datables du XIIe siècle, et la charte des coutumes de 1248 correspond vraisemblablement à la constitution du bourg. Construite en brique, la tour présente sur ses façades est et sud, ouvertes sur la rue, des baies géminées de caractère ostentatoire. La construction est traditionnellement attribuée à la famille de Lalo : l'inventaire dressé à la mort de Gausbert de Lalo en 1295 mentionne une « maio près de la porte Estivenque » qui semble correspondre à l'édifice. Aux XVe et XVIe siècles, les biens de la famille de Lalo passent aux Castanède puis, par acensement, à un membre de la famille d'Arles mentionné dans le compoix de 1535 ; le nom de tour d'Arles (ou d'Arlet) est attesté depuis le XVIIe siècle. Le capitaine calviniste Symphorien de Durfort pilla Caussade le 8 septembre 1562 : les ecclésiastiques furent jetés du clocher, l'église et le vieux château furent incendiés ; l'église fut détruite en 1570 pour permettre la réparation de l'enceinte, seul le clocher fut conservé comme tour de guet, et la ville resta longtemps tenue par les Réformés, si bien que les catholiques durent célébrer la messe dans la tour d'Arles. En 1616 la baronnie de Caussade fut achetée par le duc de Sully ; la tour appartint alors à sa famille, puis passa par vente à Jacques Thuet, consul de Caussade, dont les descendants Valmary en assurèrent la possession ; l'église Notre-Dame fut reconstruite entre 1633 et 1637. Avant la restauration, la tour était divisée en cinq niveaux, mais les sondages ont révélé la configuration originelle à trois niveaux : un rez-de-chaussée et deux étages habitables. L'accès au rez-de-chaussée se faisait par deux portes, une sur chaque façade de rue ; ce niveau, peu éclairé, servait vraisemblablement de stockage. Les étages supérieurs étaient desservis par des escaliers droits à volée unique ; un plancher ajouté dans le second quart du XVe siècle modifia le premier niveau en abaissant et rétrécissant la porte est, et, au XVIe siècle, un étage habitable fut créé avec un nouveau plancher éclairé par trois baies ; un escalier en maçonnerie fut ensuite élevé contre la façade ouest et des portes y furent percées. La tour fut profondément remaniée aux XVIIIe et des combles ont été surélevés entre la seconde moitié du XVIIe siècle et le XIXe siècle. Les deux niveaux habitables conservent des peintures murales : au premier étage, les murs nord et ouest portent un faux appareil rouge sur fond blanc, avec double trait pour les joints verticaux et trait simple pour les lits, type décor présent à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle à Cahors, Saint-Antonin-Noble-Val et Cordes. Au second étage, les murs nord, est et sud sont peints jusqu'au sommet des fenêtres de cercles à double trait remplis de petits motifs en grappe, remplacés au sud et à l'est par des fleurs géométriques et couronnés d'une frise de ruban plié ; les murs est et ouest comportaient un niveau supplémentaire de décoration dont seul le pignon ouest conserve des scènes identifiables partiellement. Le niveau inférieur de ce pignon affiche une arcature d'une dizaine d'arcades, chacune avec un personnage peint ; seules deux arcades du côté sud sont lisibles : l'une montre un personnage agenouillé faisant face à une femme tenant une fleur, et au-dessus une scène de combat équestre représente un cavalier coiffé d'un heaume à plumail dont la lance frappe un adversaire, les deux personnages encadrant un arbre dans un champ architecturé. Firmin Galabert interpréta cette scène comme un cavalier maure désarçonné par un chevalier franc, la reliant à Peyre de Lalo et à la VIIIe croisade, interprétation que Virginie Czerniak juge non fondée et qu'elle préfère lire comme une manifestation de l'appartenance aristocratique du propriétaire ; la paroi nord montre également deux gros oiseaux dont le sens demeure incertain. La tour a un plan sub-rectangulaire d'environ 8 m sur 11 m à la base ; l'épaisseur des murs décroît progressivement de 85–90 cm à la base à 65–70 cm à l'avant-dernier niveau, puis s'amincit brutalement à 37 cm au dernier étage, qui constitue un ajout postérieur. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis le 23 novembre 1989.

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