Origine et histoire de la Tour de Broue
La tour de Broue est l'un des derniers vestiges du château fort élevé au XIe siècle sur la colline du Puy, un promontoire dominant les anciens marais de Brouage, sur la commune de Saint-Sornin (Charente-Maritime). Construite selon un mode qualifié de « romain », elle associe silex noyés dans un mortier très dur et petits moellons de parement ; on suppose une origine normande à l'époque romane. Le donjon quadrangulaire s'élève sur une motte rocheuse de 27 mètres et, bien qu'en partie ruiné, atteint encore 25 mètres de hauteur sur quatre niveaux. Il était entouré d'un fossé, d'un rempart à pans coupés défendu par un second fossé et ceint d'une chemise dont subsistent des vestiges ; cinq contreforts renforçaient chacune de ses faces. À l'origine, le donjon comportait un souterrain servant de prison, un logement pour le commandant, puis un corps de garde et une galerie aux étages supérieurs ; il ne reste aujourd'hui qu'une moitié de tour. Le site jouait un rôle stratégique et servait d'amer pour les navires fréquentant l'ancien golfe, alors prospère grâce au commerce du sel. Dès le XIe siècle un château est attesté à cet emplacement ; au fil des siècles il changea de mains, parmi ses titulaires figurent Geoffroy Martel, le comte de Poitiers Guy‑Geoffroy, les seigneurs de Doë, la maison de Rochefort, la maison de Baussay et les sires de Pons. Au XIVe siècle, le château fut le théâtre d'affrontements entre Français et Anglais : Isabelle de Valois y fut détenue un temps et Bertrand Du Guesclin reprit la place aux Anglais après un siège. Les sires de Pons conservèrent la seigneurie jusqu'au début du XVIIe siècle, puis le site fut peu à peu abandonné en raison de l'envasement du golfe ; il apparaît déjà ruiné au XVIIIe siècle. Le donjon est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1925 et l'ensemble des vestiges a été inscrit par arrêté le 12 avril 2024. L'association des Amis de Saint-Sornin a contribué financièrement aux travaux de consolidation menés entre 1993 et 1997, qui ont aidé à la sauvegarde du monument. Sur place, les ruines montrent deux murs en moellons soutenus par des contreforts plats, les restes d'une tour et d'une chemise, ainsi que des vestiges de cheminée, des niches et des traces du plancher initial. Le site est aujourd'hui mis en valeur : des sentiers de promenade, une aire de pique-nique et un musée ont été aménagés à proximité, et le GR 360 passe non loin. La tour de Broue demeure un témoin notable du passé militaire et maritime de la Saintonge.
