Origine et histoire de la Tour de César
La Tour de César est le donjon du château de Châtillon-sur-Indre, dans l'Indre, en région Centre-Val de Loire. Les premières mentions font remonter la seigneurie à un don de Charles II le Chauve à un fidèle nommé Haimon ; ses descendants la détiennent avant que Foulque Nerra, comte d'Anjou, n'en prenne le contrôle vers 1030. Le château entre progressivement dans l'orbite angevine puis affirme son rôle militaire à la frontière des domaines angevins et royaux au XIIe siècle, notamment sous Henri II Plantagenêt. Philippe Auguste s'y rend en 1188 et, par la suite, le château est donné en gage au roi de France par Richard Cœur de Lion en 1193 avant d'entrer définitivement dans le domaine royal au début du XIIIe siècle. Philippe Auguste concède la seigneurie à Dreux de Mello en fief en 1205, puis la châtellenie revient définitivement à la couronne sous Philippe III au XIIIe siècle. Pierre de La Brosse, reçu en 1274, fait édifier les bâtiments du logis avant sa disgrâce et l'annulation de ses biens en 1278 ; ces travaux témoignent d'une transformation du site vers un usage plus résidentiel. Le château sert occasionnellement de résidence royale aux XIIIe et XIVe siècles et conserve un personnel permanent ; des séjours royaux sont attestés sous Philippe III, Philippe IV et le futur Jean II. Après diverses cessions et engagements, la seigneurie change de mains à plusieurs reprises (notamment Louis d'Orléans, Louis d'Amboise et Tanneguy du Chastel) puis redevient souvent domaine royal ; Anne de Bretagne, Charles VIII, François Ier et d'autres seigneurs successifs sont liés à son histoire. Au début du XVIIe siècle, Florent Guyot puis César de Bourbon possèdent la terre ; Georges Ysoré en devient propriétaire en 1648, puis la famille Amelot la détient jusqu'à la Révolution. Après la Révolution, le château est morcelé ; le donjon est vendu séparément en 1809 et donné à la commune en 1867, qui entreprend divers travaux d'aménagement et de restauration. Entre la fin du XIXe siècle et le XXe siècle, des transformations notables ont lieu : construction d'une école, usage des anciennes prisons comme caserne de pompiers, adaptation du donjon en château d'eau dans les années 1930 et ouverture au public du sommet de la tour. Le donjon est classé au titre des Monuments historiques en 1909 ; des dommages causés en 1940 entraînent des réparations dans les années 1954-1957 et des campagnes de restauration se poursuivent du XXe au XXIe siècle, avec des protections et inscriptions entre 1999 et 2011. Le site s'organise autour d'une motte castrale aménagée sur un éperon calcaire et d'une chemise qui fait le tour de la motte ; la base de la motte mesure aujourd'hui moins de 50 mètres de diamètre. La chemise, la plus ancienne construction visible, est une muraille à pans multiples en moellons et chaînage d'angle d'un diamètre moyen extérieur d'environ 27 mètres, atteignant 31 mètres sur sa partie extérieure, et d'une épaisseur d'environ 1,55 mètre ; elle comporte vingt-trois pans et est probablement datable du milieu du XIIe siècle. La grosse tour, ou donjon cylindrique, a été édifiée ultérieurement, vraisemblablement dans les années 1180 ; elle est légèrement tronconique, fondée sur le rocher, de 11,70 mètres de diamètre au sol, d'environ 18 mètres de hauteur apparente et d'un niveau souterrain creusé dans la motte sur 6 mètres. Les murs de la tour atteignent 3,10 mètres d'épaisseur à la base ; le niveau souterrain est séparé du niveau supérieur par un plancher appuyé sur un retrait du mur et abrite une salle voûtée en coupole d'environ 6,15 mètres de diamètre. Les étages supérieurs présentent des salles d'un diamètre voisin de 6,30 mètres ; l'accès primitif s'ouvrait côté nord-ouest, à six mètres au-dessus du sol, sur le troisième niveau ; cette ouverture a été murée et l'organisation des circulations basses reste mal connue. Le donjon n'est pas centré dans la chemise et des différences d'aspect montrent que la construction a profondément modifié les aménagements antérieurs : tourelles, bâtiments adossés à la chemise et aménagements intérieurs ont évolué au fil des siècles. Au XVe siècle, la salle du premier étage a été réaménagée avec l'installation d'une cheminée et l'ouverture d'une nouvelle porte ; un pont-levis et une passerelle reliaient autrefois la tour à la chemise par une pilette aujourd'hui disparue. La perte du toit et du plancher supérieur à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle a conduit à la pose d'un dallage en gradins concentriques au premier étage pour protéger les niveaux inférieurs des infiltrations ; cet aménagement remonte à une période antérieure à 1559. Des dommages et des remaniements importants sont intervenus jusqu'au XIXe siècle, notamment la destruction d'une portion de la chemise du côté de la place du château visible sur des dessins et plans anciens. Selon Jean-Pierre Ravaux, la Tour de César constitue, en l'état, l'un des plus anciens donjons cylindriques voûtés connus en France.