Origine et histoire de la Tour de Château-Roussillon
La tour de Château-Roussillon, vestige du château médiéval, se dresse à Château-Roussillon, aujourd’hui quartier de Perpignan, à proximité de l’église Sainte-Marie-et-Saint-Pierre. Elle serait datée du XIIIe siècle et constitue l’unique élément encore conservé de l’ancienne fortification comtale. Élevée en galets de rivière, la tour atteint près de vingt mètres de hauteur et présente une maçonnerie caractéristique qui a permis d’en proposer la datation. La porte d’origine se trouvait au nord, au niveau du premier étage ; on accède aujourd’hui par une étroite ouverture au sud. À l’intérieur, un escalier en chêne conduit à une plateforme sommitale surmontée d’un arc en briques. Installée en hauteur au-dessus de la Têt, la tour participait anciennement à un système de communication visuelle avec d’autres tours régionales, comme celles de La Massane et de Madeloc, par l’allumage de feux et la diffusion de fumée.
L’occupation du site remonte à l’époque où Ruscino, après la conquête par Charlemagne, devint le centre politique du comté du Roussillon ; le château comtal est mentionné dès le Xe siècle et aurait été bâti sur les ruines de la cité antique. À partir du XIIe siècle, la localité perd de son importance et le château cesse d’être occupé au XIIIe siècle, la chapelle et la tour restant les seuls vestiges visibles de cette période. Vers la fin du XIIIe siècle, le village passe sous la possession des Castelnou ; en 1299 la seigneurie est offerte par le roi Jacques Ier à Arnaud de Castelnou. En 1378, Pierre de Parapertusa prend le titre de seigneur de Castell-Rossello, issu de la lignée des comtes de Fenollet, et au XIVe siècle les vicomtes de Fenouillet paraissent avoir utilisé le château comme résidence principale. Le 2 juin 1415, Pierre Albert de Perpetusa érige un ermitage pour en faire un lieu de recueillement spirituel. Cet ermitage apparaît en 1577 sous l’appellation de Sainte-Ruffine, puis adopte en 1688 le nom d’Hermita de Santa Rafina ; il est interdit à la Révolution et ne connaîtra plus d’ermites par la suite. Depuis 1982, la chapelle sert d’annexe à l’église Saint-Jacques de Perpignan et elle a fait l’objet d’une restauration en 1988. La tour a été donnée à la ville de Perpignan en 1856 et son ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques le 9 mai 2012. Une légende locale associe la tour au troubadour Guillem de Cabestany : plusieurs versions racontent qu’après avoir séduit l’épouse de Raimon, seigneur de Castell-Rosselló, le troubadour fut assassiné et que, dans un récit fameux, son cœur fut servi au repas de sa maîtresse qui, désespérée, se serait jetée de la tour ; cette histoire, motif médiéval répandu, a été remise en lumière au XIXe siècle, notamment par Stendhal. La tour a également fait partie des quatorze tours illuminées lors du passage de la flamme olympique des Jeux de 2024.