Origine et histoire de la Tour de l'Auditoire
La tour dite de l'Auditoire, ou tour de l'Auditeur, est le seul vestige des anciennes fortifications du castrum de Belvès, élevé sur un promontoire. Le castrum entourait l'actuel jardin de l'hôpital et la cour de l'école, et ses remparts se rattachèrent notamment à la tour de l'horloge, à la tour de l'Auditoire et au porche de la maison de l'archevêque. La tour, qui n'avait que de rares ouvertures et dont l'entrée se trouvait au premier étage, a reçu sa couverture postérieurement. Si la tradition situe l'édification du castrum au Xe siècle, aucun document n'en précise l'origine ; certains auteurs supposent qu'il s'est construit autour de la fondation de l'abbaye de Fongauffier, en 1095. Au fil des siècles, la seigneurie de Belvès fut partagée entre plusieurs co-seigneurs, la tradition évoquant jusqu'à sept co-seigneurs, et la présence éventuelle de Templiers à Belvès reste non attestée par des actes. Des biens dans la région appartenaient néanmoins aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, selon un cartulaire de 1462. Les archevêques de Bordeaux devinrent seigneurs temporels de Belvès à une date inconnue ; on les voit présents lors d'événements militaires au début du XIIIe siècle, et un acte de 1250 indique déjà l'archevêque comme seigneur temporel. D'autres parties de la châtellenie furent achetées par Bertrand de Got puis, en 1307, par son neveu Arnaud de Canteloup. Les archevêques disposaient d'une résidence à Belvès ; l'archevêque Amanieu de Cazes y mourut de la peste noire et fut inhumé au couvent des Frères Prêcheurs. Le castrum comprenait un château castral aujourd'hui disparu, sans localisation certaine, probablement implanté au point le plus élevé. Sa chapelle Saint-Nicolas, située au sud de la ville contre les remparts et au‑dessus de la rue du Petit-Sol, est mentionnée dès 1262 mais fut ruinée après l'effondrement d'une partie des remparts en 1782. Le périmètre du castrum était limité à l'est par la place Malbec ou Terriol et la rue de l'Oiseau-qui-chante (D52), au sud par la rue du Petit-Sol et à l'ouest par la place d'Armes ; à l'ouest, la défense comprenait deux tours saillantes, la tour des Filhols et la tour de l'Archevêque. Un fossé d'environ quinze mètres précédait les remparts, où existent et existaient des abris troglodytiques ; les remparts, sans créneaux, présentaient un parapet à banquette côté intérieur. L'accès ouest se faisait par une porte pourvue d'un pont-levis ; au XVIIIe siècle le rempart ouest fut percé au droit de la rue des Filhols pour mettre en communication la place Peyrignac (aujourd'hui place Maurice Biraben) et la place d'Armes. À l'est, la porte Malbec, donnant sur la place du même nom, fut détruite en 1774 ; au sud de cette porte se trouvait une poterne appelée « fausse porte », près de la grande tour dite Tour-Neuve, qui servait de prison à l'archevêque. Un acte du 25 février 1562 relate que l'archevêque Antoine Prévost de Sansac concéda à Guillaume Philiparie le droit d'établir un pigeonnier sur la tour, constatant que Philiparie avait fait couvrir la tour ; l'archevêque retenait la propriété de l'édifice et la concéda moyennant une rente annuelle de 12 deniers. C'est probablement à la suite de cet acte que le donjon prit le nom de tour de l'Auditeur, Philiparie remplissant cette fonction, et la tour joua un rôle important lors du siège de la ville par Geoffroy de Vivans les 28 et 29 septembre 1569. Des conflits opposèrent par la suite l'archevêque et les consuls sur la propriété des fortifications : en 1771 une partie des remparts fut concédée à des particuliers, entraînant la destruction de sections et un procès aboutissant en 1773 à une transaction reconnaissant à l'archevêque le droit exclusif de disposer des fortifications. La tour de l'Auditoire a été inscrite au titre des monuments historiques le 6 décembre 1948.