Origine et histoire de la Tour
La tour de Montcuq, située à Montcuq dans le Lot (région Occitanie), était le donjon d’un système de défense dont subsistent quelques débris de remparts. Édifiée aux XIIe et au tout début du XIIIe siècle, elle présente un plan rectangulaire de 12 m sur 8,50 m et est flanquée d’une tourelle carrée abritant un escalier en vis. Symbole d’autorité, le donjon servait à la fois de résidence seigneuriale, de lieu de commandement et d’ouvrage défensif pour les seigneurs de Montcuq, les Gourdon de Castelnau, vassaux des comtes de Toulouse. Montcuq faisait partie de la vicomté de Toulouse et, selon le traité entre Raymond, vicomte de Toulouse, et le roi de France, la ville figura parmi celles que Raymond devait démanteler ; les remparts furent détruits. Au début du XIIIe siècle, pendant la croisade des Albigeois, le fief connut des combats sanglants et fut occupé et pillé par les troupes de Simon de Montfort. Les traités de Meaux et de Paris, en 1124 et 1229, ordonnèrent la destruction des fortifications et le comblement des fossés, mais le donjon fut épargné. À la fin du XVe siècle, après la guerre de Cent Ans, des épidémies et d’autres épreuves, Montcuq avait perdu une grande partie de son importance régionale. La tour fut privée de ses mâchicoulis, de ses créneaux, de marches d’escalier et de deux planchers intermédiaires ; son intérieur a été restauré en 2009 sous le contrôle des Bâtiments de France. Lors de cette restauration, la voûte en berceau effondrée au-dessus du premier niveau a été rebâtie et des planchers en chêne ont été posés aux troisième et quatrième niveaux, où une exposition permanente intitulée "Histoire d'une tour" est aujourd’hui installée. L’édifice a été classé au titre des monuments historiques le 25 juillet 1904.
La porte placée à la base de la tourelle constitue le seul accès au donjon ; l’escalier en vis dessert quatre salles et permet d’atteindre la plateforme supérieure. Quelques marches et un ses, sorte de chicane défensive, donnent accès à la première salle. La salle basse est couverte d’une voûte en berceau plein cintre ; les murs, épais d’environ deux mètres, sont percés de deux meurtrières qui l’éclairent faiblement, et le rocher affleure au centre du sol. Des corbeaux visibles sur les quatre murs soutenaient le plancher d’une salle intermédiaire, obscure et accessible uniquement par trappe. La deuxième salle, mieux éclairée, possède une cheminée et deux fenêtres étroites en embrasures plein cintre ; elle servait aux réceptions, aux audiences et au rendu de la justice, et comportait des latrines dont subsiste le couloir d’accès coudé aménagé dans l’épaisseur du mur. La troisième salle, également chauffée par une cheminée, est éclairée par deux fenêtres à larges embrasures dont les banquettes en pierre, ou "coussièges", subsistent ; elle et la salle du dessus constituaient les appartements privés du seigneur. La quatrième salle est voûtée en berceau plein cintre et cette voûte supporte la plateforme du donjon ; ses trois fenêtres présentent des embrasures similaires et des corbeaux indiquent la présence d’une pièce aveugle sur plancher, accessible par trappe. Le donjon réunit les caractéristiques de l’art roman. Depuis la plateforme supérieure, la vue s’étend sur le paysage et les toits de la partie médiévale du village ; l’organisation de l’habitat en zones concentriques autour du donjon illustre son importance stratégique pour la surveillance et le contrôle des chemins de vallées et de crêtes. La vallée de la petite Barguelonne était déjà, au Moyen Âge, un axe de communication et de commerce entre le Quercy et l’Agenais, traversée par des chemins menant à plusieurs lieux de pèlerinage tels que Saint-Jacques-de-Compostelle, Rocamadour, Conques et Moissac.