Origine et histoire de la Tour des Valois
La tour des Valois se dresse à Sainte-Colombe, sur la rive droite du Rhône en face de Vienne, dans le sud du département du Rhône. De plan presque carré, elle constitue le seul vestige des fortifications qui entouraient autrefois le bourg, alors ceint de remparts percés de trois portes au midi, au levant et au couchant. Accolée à la tour se trouvait la maison du viguier, ou viguerie, et une petite porte — aujourd’hui murée — assurait la communication entre les deux édifices. Haute d’environ 30 mètres, la tour est munie de créneaux et de meurtrières ; des échauguettes occupent les angles de la terrasse supérieure. Deux escaliers intérieurs, aujourd’hui détruits, desservaient les étages et la plate-forme. Classée au titre des monuments historiques le 4 décembre 1919, elle n’est pas ouverte à la visite.
En 1333, Philippe de Valois renouvela auprès de l’archevêque de Vienne, Bertrand de La Chapelle, et du chapitre métropolitain ses prétentions sur le faubourg de Sainte-Colombe. Le chapitre soutint ses droits avec énergie ; l’archevêque, sous la seule réserve de l’agrément du pape Jean XXII, accorda ce qui lui était demandé, provoquant l’hostilité du clergé et de la population viennoise. La tension imposa la médiation pontificale : une bulle de Jean XXII, datée du 13 février 1334, ordonna l’envoi de députés porteurs des pièces justificatives afin de trancher les oppositions. Philippe VI n’étant pas resté sur cette procédure, il s’empara de Sainte-Colombe et, par lettres patentes du 19 mars 1334, unit le faubourg à son royaume, le fortifia et fit construire en 1336 la tour dite « des Valois » à l’entrée du pont sur le Rhône. Selon Nicolas Chorier, une maison fut jointe à la tour pour loger le viguier, qui disposait d’une entrée libre par une petite porte ensuite murée. La tour servait à protéger Sainte-Colombe mais aussi à menacer Vienne, que le roi entendait s’approprier.
Parmi les viguiers les plus marquants figurent Jean de La Garde (1343), François de Cours (vers 1380), Aimé de Bletterans (1402), Aynard de Villeneuve (1417–1460), Claude Costaing (décédé en 1482), Louis de Chastellus (décédé en 1511), Claude Baronnat (vers 1524), Hugues Béraud (vers 1553), Arnaud Freyssin (vers 1595) et Armand de Foyssins, anobli en 1599. À l’époque moderne, le bâtiment a été recyclé à plusieurs reprises — fabrique de pâtes alimentaires, entrepôt de vaisselle, magasin de charbon — et resta la propriété de la famille Garon jusqu’en 2008, année où la commune en fit l’acquisition.