Origine et histoire de la Tour Desnos
La tour Desnos est une tour médiévale de Fougères, intégrée à l'enceinte urbaine du bourg-neuf sur les remparts nord le long de la ruelle des Vaux, la rivière Nançon coulant en contrebas. La courtine était autrefois en partie protégée par l'ancien étang de Rillé ; la tour, située entre la tour Montfromery et l'emplacement de la tour Cardinale aujourd'hui disparue, participait avec la Porte de Rillé, détruite en 1775, à la défense du flanc nord du plateau où la ville s'est développée. Elle doit son nom à Colin Desnos, bourgeois de Fougères dont la maison jouxtait la portion de muraille sur laquelle l'ouvrage fut élevé au début du XVe siècle. Le rattachement de la Bretagne à la France rendant caduque sa fonction défensive, la tour fut ensuite convertie en prison accessible par la rue de la Prison, impasse donnant sur la rue du Bourg Vieil, actuelle rue de la Pinterie. En 1787, le rez-de-chaussée, entouré de murs délimitant deux petites cours, comprenait des cachots de punition et trois pièces dont le logement du geôlier ; l'étage intermédiaire formait une vaste salle sombre sans destination précise et le dernier étage accueillait trois pièces et une chapelle, permettant d'isoler les détenus par sexe et par catégorie. Jugée exiguë et insalubre, elle fut remplacée par un nouvel établissement pénitentiaire construit à partir de 1829 à l'intersection de la rue de Laval et de la rue Pierre Mendès-France. Vendue à des particuliers, la tour fut intégrée à l'usine de chaussures Eugène Pacory fondée en 1863, entourée d'entrepôts et d'ateliers et utilisée comme dépôt de peausserie et bureaux, ce qui défigura l'ouvrage. Le déclin de l'industrie de la chaussure entraîna la destruction du site de production et le dégagement de la tour. Inscrite aux monuments historiques en 1926 et toujours propriété privée, la tour a été restaurée et sert aujourd'hui d'habitation. Architectoniquement, il s'agit d'une tour d'artillerie en fer à cheval élevée sur trois étages, construite en moellons de cornéenne et de granite. Au rez-de-chaussée se trouve une porte moderne à linteau droit ; le sommet du second étage est orné de mâchicoulis formés de blocs de granite portés par des consoles à deux ressauts, et le troisième étage, légèrement en surplomb, est coiffé d'une toiture conique moderne. La tour avait été exhaussée à l'époque industrielle par un quatrième étage aujourd'hui supprimé, et des mâchicoulis subsistent à l'intérieur sur le mur d'adossement. Certaines archères ont été retaillées et transformées en canonnières pour s'adapter aux progrès de l'artillerie. Des plans et élévations de la tour sont consultables en ligne aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (cote C120) et sur le portail Glad ; parmi les monuments et éléments liés à Fougères figurent la Porte Notre-Dame, la tour du Four, la tour Montfromery, la tour Nichot, la tour du Papegaud, la tour du Ravelin, la tour Saint-Nicolas et la liste des monuments historiques de Fougères.