Origine et histoire de la Tour du Bost
La Tour du Bost est un donjon quadrangulaire situé sur la commune de Charmoy en Saône-et-Loire, posé à l'extrémité orientale d'un promontoire dominant un petit bassin de vallées encaissées. Ouvrage de défense et bâtiment d'habitation de prestige, ce type de construction est unique en Bourgogne et rare en France. Sa hauteur atteignait 43 mètres et, dans son état actuel, la tour rectangulaire mesure 14,75 mètres sur 12,75 et s'élève à une trentaine de mètres. Les trois premiers étages pourraient dater du XIIe siècle et les trois supérieurs du XIVe siècle. La base très épaisse des murs forme un talus défensif et l'étage de base est voûté en pierre, particularité qui rend la tour peu commune. Un escalier de 103 marches est entièrement aménagé dans l'épaisseur des murs et relie les sous-sols au sommet. La tour est installée sur une voie romaine devenue chemin médiéval qui se divisait au pied de l'édifice, et elle était entourée d'étangs sur trois côtés. Ses deux sous-sols abritent l'un une cave et une citerne alimentée par une source intérieure, reliée autrefois aux étages supérieurs par un treuil, et l'autre une cuisine et un cellier voûtés en berceau. Cinq étages se succèdent au-dessus, chacun formé d'une seule pièce avec plafond à poutres apparentes, vastes cheminées de style gothique ou Renaissance et fenêtres munies de coussièges de pierre, plus nombreuses et dotées de meneaux aux étages supérieurs. L'ensemble est couronné d'une plate-forme entourée d'un chemin de ronde, et la fenêtre de la tour permettait l'échange de signaux optiques avec le château ducal de Montcenis. La toiture a disparu lors d'un incendie accidentel en 1920 et la tourelle qui la flanquait du haut en bas ainsi que des bâtiments annexes ont été amputés vers 1750. La tour fut vraisemblablement construite au XIIe siècle, rehaussée de trois étages au XIVe siècle, puis abandonnée à des fermiers à la fin du XVIIe siècle. Le fief appartenait aux Du Bois dès le XIIIe siècle ; Guillaume Du Bois combattit en 1360 contre les Grandes Compagnies, Hugues Du Bois fut bailli du Charolais de 1419 à 1442, et la famille perdit progressivement son influence entre 1477 et 1566. Le domaine fut réuni en 1576 par Charles de Moroges, dont les descendants le conservèrent; vers 1590 la tour fut pillée pendant les guerres de Religion et les archives familiales furent perdues. Après des successions de propriétaires, la famille Durand de Chalas posséda le fief en 1719, Pierre Massin de Maison Rouge en devint maître en 1744, puis Jean-Paul Delglat l'acquit en 1752 et ses descendants le conservèrent au XIXe siècle. En 1815 la tour fut occupée par les Autrichiens, et au milieu du XIXe siècle le comte de Charrin fit édifier à proximité, entre 1865 et 1868, le château de Bruel. Propriété de F. Burdy au début du XXe siècle, la tour fut classée monument historique le 16 septembre 1908, puis déclassée après l'incendie par décret du 2 août 1949. Elle est en cours de restauration depuis 1992, a été inscrite le 11 septembre 1995 et classée de nouveau le 14 novembre 1997. Le site se trouve intégralement sur une propriété privée et n'est accessible au public qu'à des dates et horaires précis ou sur rendez‑vous pour les groupes et scolaires. Les armoiries associées au lieu et à ses familles comprennent celles des Moroges, des Chastellux, de la Tour du Bost et des Charrin, telles qu'elles sont conservées dans les sources historiques.