Origine et histoire de la Tour Jeanne-d'Arc
La tour dite de Jeanne d'Arc, également appelée ancien donjon ou anciennement « Grosse Tour », était la tour maîtresse du château de Rouen élevé par Philippe Auguste à partir de 1204 ; elle est le seul vestige en élévation de cet ensemble et se dresse à Rouen, en Seine‑Maritime, en Normandie. Classée au titre des monuments historiques sur la liste de 1840, elle se situe sur la colline de Bouvreuil, à environ 700 mètres au nord‑nord‑ouest de la cathédrale Notre‑Dame. Lors du procès de condamnation de Jeanne d'Arc, le donjon servit de cadre à une séance où elle fut menacée de torture et mise en présence de ses bourreaux et des instruments de torture ; elle déclara alors qu'elle ne dirait rien si l'on devait lui faire retirer les membres ou tuer son âme, ou que, si l'on parvenait à lui faire dire quelque chose, elle dirait ensuite que cela lui avait été extorqué par la force. Contrairement à l'origine présumée de son nom, Jeanne n'aurait pas été emprisonnée dans ce donjon mais dans une autre tour, dite tour de la Pucelle, aujourd'hui détruite ; ses substructions subsistent au 102 rue Jeanne‑d'Arc, où une plaque de marbre noir et une sculpture en calcaire rappellent ces vestiges. La cour intérieure de l'immeuble implanté sur ces substructions a été aménagée pour préserver et mettre en valeur les vestiges archéologiques, qui comprennent un puits et une galerie en surplomb permettant l'observation publique et l'accès aux appartements. Durant la Seconde Guerre mondiale, le donjon fut camouflé et transformé par les forces allemandes en bunker, et sa partie supérieure fut alors bétonnée. Construite en calcaire local, la tour est de plan circulaire, haute de trente mètres pour un diamètre de quatorze mètres, avec des murs épais d'environ quatre mètres percés de rares et étroites meurtrières. Elle comporte quatre étages aux fonctions distinctes, dont deux sont voûtés en croisées d'ogives ; le dernier étage ouvre sur un chemin de ronde pourvu de hourds de bois reposant sur des corbeaux de pierre. L'accès se faisait depuis la courtine, à quelques mètres du sol, par des ponts volants. La toiture en poivrière et les hourds ont été ajoutés lors des travaux de restauration conduits de 1866 à 1874 par l'architecte Louis Desmarest, sur les avis de Viollet‑le‑Duc. Située entre la rue Bouvreuil et la rue du Donjon, la tour est aujourd'hui aménagée en musée ; depuis 2017 elle accueille aussi des décors de reconstitution pour des escape games historiques, proposant successivement des scénarios consacrés au XIIIe et au XVe siècles et, plus récemment, une reconstitution du bunker de l'occupation dans le scénario « Libérez Rouen ! ».