Origine et histoire de la Tour Magne
La Tour Magne, située sur le mont Cavalier à Nîmes, domine les Jardins de la Fontaine et constitue le plus imposant vestige de l'enceinte romaine de la ville. Dès la fondation de Nîmes, en -27, une enceinte d'environ 6 km, couvrant près de 220 ha, fut édifiée ; sa courtine, épaisse de 2,10 m et haute de plus de 8 m, ponctuée de tours et de portes monumentales, suit la topographie en occupant les crêtes et les points dominants. Au-delà de sa fonction défensive, cette muraille jouait également un rôle de prestige à forte signification idéologique à l'époque impériale. Installée sur la colline la plus élevée et visible de loin, la Tour Magne a fait l'objet de diverses interprétations : trophée de Domitius Ahenobarbus, imitation du phare d'Alexandrie ou tour d'observation et de signalement selon Léon Ménard. En 1601, François Traucat, autorisé par le roi Henri IV, creusa l'intérieur à la recherche d'un trésor et le vida, révélant un blocage que les archéologues modernes ont reconnu comme la maçonnerie d'une tour préromaine antérieure. Cette tour préromaine s'inscrit dans une série caractéristique d'architecture défensive protohistorique, comparable, quoique moins spectaculaire, à des exemples d'oppida voisins comme Nages ou Ambrussum. Point fort de la fortification indigène, elle dominait et signalait le sanctuaire de source dédié à Nemausus. L'édifice pré-romain fut transformé à l'époque d'Auguste pour devenir la Tour Magne telle que les Romains l'ont intégrée à l'enceinte. La tour mesurait 18 m à la fin du IIIe siècle av. J.-C., atteignit 36 m à l'époque romaine et ne culmine aujourd'hui qu'à 32,50 m. Thomas Platter la remarqua déjà évidée en 1596. Elle repose sur un soubassement octogonal dont l'irrégularité traduit la forme de la tour en pierre sèche qu'il englobe, visible encore à l'intérieur en négatif. Une rampe coudée de 70 m, dont subsistent le départ au sud et une partie de la dernière arche, conduisait au chemin de ronde du premier niveau, qui permettait de rejoindre le chemin de ronde de la courtine au nord et à l'ouest. Au-dessus de cet étage intégré à l'enceinte, la tour polygonale est aveugle ; l'accès à la terrasse se faisait par un escalier intérieur de 132 marches. Les deux derniers niveaux étaient ornés : l'un de pilastres toscans, l'autre, aujourd'hui presque disparu, de colonnes. Sa fonction a donné lieu à de nombreuses hypothèses ; reliée à la muraille, elle pouvait assurer la défense et servir de tour de guet ou de signalisation, et sa hauteur doublée tenait aussi lieu de manifestation de la puissance romaine. La Tour Magne fait l'objet d'un classement parmi les monuments historiques par la liste de 1840 et est aujourd'hui gérée en délégation de service public par la société Edeis Romanité. Principalement accessible depuis les Jardins de la Fontaine, elle est ouverte tous les jours et un billet à tarif préférentiel permet de visiter les Arènes et la Maison carrée. Des documents en braille et en gros caractères, des plans thermoformés sur demande, des boucles d'induction magnétique et une tablette proposant une visite filmée sont proposés aux visiteurs ; la tour comporte toutefois 140 marches et n'est pas accessible aux personnes en fauteuil. La Tour Magne a aussi inspiré des écrivains et des poètes : les vers holorimes de Marc Monnier lui sont consacrés, elle apparaît dans le poème "Guitare" de Victor Hugo repris par Georges Brassens, et elle est évoquée dans les Poèmes à Lou de Guillaume Apollinaire.