Origine et histoire de la Tour-moulin
La tour-moulin de Ségadènes, située sur la Thèze dans la commune de Soturac (Lot), est une maison-tour médiévale qui conserve de nombreux éléments d'origine. Bâtie au XIIIe siècle, elle se présente comme un donjon à deux niveaux coiffé d'une charpente et d'une toiture imposantes, et elle comporte des sculptures remarquables, notamment des gargouilles sous l'encorbellement. À l'intérieur subsistent l'escalier, une cheminée monumentale et des lambris, signes d'un édifice peu remanié et considéré comme l'unique exemple de ce type dans le Lot. Aucun document antérieur au XVe siècle n'évoque le site ; l'hypothèse d'un lien avec le frère du pape Jean XXII repose sur la toponymie : un moulin situé immédiatement en aval porte le nom de Frésapa, toponyme également rencontré près de Saint-Sylvestre-sur-Lot et associé au lignage de Jeanne Frésapa, seconde épouse de Pierre Duèze. Les premiers occupants connus sont les de Jas (ou d'Ajas), famille de forgerons originaire des Pyrénées qui s'installa après la guerre de Cent Ans et y implanta une mouline à fer ou forge. Au XVe siècle, Arnaud de Jas est qualifié de seigneur du manoir de Ségadènes ; sa descendance apparaît ensuite dans les actes matrimoniaux et testamentaires, avec notamment Marie de Jas, qui épouse successivement Jean Antoine de Viguier puis Jean III du Rieu. Les du Rieu puis, au XVIIIe siècle, les Briançon de La Montelle se succèdent à la seigneurie. Ségadènes est mentionné comme fief sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle, et l'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 29 octobre 2013. Sur le plan architectural, les fenêtres géminées à trumeau et leur décor naturaliste situent la maison forte dans le dernier tiers du XIIIe siècle ; la présence d'archères confirme son caractère de repaire noble plus que d'ouvrage à vocation strictement militaire. Une demi-croisée dans l'élévation sud témoigne de travaux postérieurs à la guerre de Cent Ans, peut‑être dès la fin du XVe siècle, période où le hourd et la toiture en pavillon auraient été établis (ces éléments auraient été refaits vers 1910). L'escalier en charpente paraît dater du XVIIe siècle, tandis que la disposition intérieure actuelle résulte principalement d'aménagements du XIXe siècle. La maison forte reste associée à un moulin implanté sur la Thèze.