Origine et histoire des Tours des Carbonnières
Les ruines des tours de Carbonnières se dressent sur un mamelon conique élevé et ont perdu leur couronnement. L’ensemble comprend deux tours carrées qui formaient autrefois un castrum et étaient le siège d’une co-seigneurie partagée entre les familles de Carbonnières et de Montal. Le site est implanté sur un promontoire granitique d’environ 120 mètres de long et 15 mètres de large, perché à 399 mètres d’altitude entre les rivières de la Bedaine et de la Maronne, à un peu plus de deux kilomètres à l’est du bourg de Goulles, près de la limite du département du Cantal, dans la région de la Xaintrie noire. Les premières traces d’occupation remontent au premier âge féodal, probablement au XIe siècle, mais les tours visibles aujourd’hui datent des siècles suivants. La tour sud, la plus ancienne, a été édifiée au XIIIe siècle ; la tour nord relève des XIVe-XVe siècles. Chaque tour comportait, au‑dessus d’une salle basse, trois étages desservis par un escalier à vis logé dans l’angle nord‑est, dont le départ se trouve au premier étage. La salle inférieure de la tour sud, couverte d’une voûte en berceau plein cintre, servait de cellier et n’était éclairée que par une fenêtre étroite ; les niveaux supérieurs, d’environ 16 m2 chacun, ne montrent pas d’aménagements de confort évidents. L’angle sud‑est de la tour sud a été fortement endommagé par le canon pendant les guerres de Religion ; ses faces sud et est sont pour l’essentiel écroulées. La tour nord, mieux conservée, présente des aménagements plus résidentiels, tels que des cheminées, des latrines à encorbellement et des fenêtres à coussiège ; ses étages habitables mesurent environ 18 m2. Son unique entrée est située à quatre mètres du sol ; l’encadrement est chanfreiné et l’arc est brisé, appareillé en plate-bande ; il ouvre sur un vestibule voûté qui donne accès à un couloir menant à l’escalier. Le toit-terrasse était accessible et des traces d’une échauguette apparaissent, comme en témoignent des marches se prolongeant au‑delà de la voûte du dernier niveau. Devant la tour nord subsistent un quadrilatère de murs ruinés, divisé en deux compartiments. Le castrum proprement dit s’étendait sur un périmètre d’environ deux hectares au pied de la plateforme ; on y repère encore les assises d’étables, de maisons d’habitation, d’une étude notariale, d’une chapelle castrale dédiée à sainte Catherine et d’une maladrerie. La maison la plus récente porte la date gravée « 1624 à Bourbouze » sur son linteau de porte. Ces ruines furent sans doute le berceau de Guillaume de Carbonnières : offert enfant aux moines de Tulle par sa mère, il devint abbé et releva leur monastère en 1107. Au Moyen Âge, la famille de Carbonnières occupait une place importante en Xaintrie et la co-seigneurie s’est renforcée par l’alliance avec la famille de Montal autour de l’an 1200. Les tours furent ensuite vendues à des vassaux et abandonnées au XVe siècle, n’étant plus occupées que ponctuellement. En 1834, on dénombrait encore une quinzaine de constructions dans le village en contrebas ; la population déclina au XXe siècle et le dernier habitant quitta le site en 1936. Les ruines du castrum ont été inscrites au titre des Monuments historiques par arrêté du 23 novembre 1970. Aujourd’hui le site, plongé dans la végétation, est accessible librement : la visite est gratuite et le lieu reste ouvert toute l’année. Un sentier de randonnée, le chemin Merlin, relie les tours de Carbonnières aux tours de Merle en suivant l’ancien tracé médiéval entre les deux castrums. La commune de Goulles porte un blason qui reprend les armoiries de la famille de Carbonnières.