Origine et histoire de la Tuilerie Perrusson
La tuilerie Perrusson, fondée en 1860 à Écuisses par Jean‑Marie Perrusson, a produit briques, tuiles, carreaux et surtout ornements en céramique jusqu'à la fermeture de l'usine en 1960. L'activité a pu employer jusqu'à 300 ouvriers autour de 1900 et ses bâtiments industriels ont aujourd'hui disparu ; le principal vestige est la maison patronale, dite villa Perrusson, richement ornée et conçue comme un véritable catalogue des productions de l'entreprise. La villa a été construite en deux temps : le corps de logis principal en 1869, puis une aile nord ajoutée entre 1890 et 1900 à l'initiative de Marius Desfontaines ; l'architecte Tony Ferret a participé à sa réalisation et, entre 1896 et 1904, Noël Ruffier a dirigé le service des travaux d'art de la société. La société prend en 1880 le nom de Perrusson père et fils et Marius Desfontaines, puis la direction évolue au sein des générations suivantes, jusqu'à la liquidation prononcée en 1959 et la fermeture de l'usine en 1960. Inscrite au titre des monuments historiques, la villa a fait l'objet d'une première inscription le 12 janvier 2001, suivie d'une inscription pour les bâtiments dépendants le 7 juin 2007 ; la commune acquiert le pavillon Desfontaines en 1999 et la Communauté urbaine Creusot Montceau devient propriétaire de l'ensemble en 2008. Après plusieurs campagnes de restauration des extérieurs, avec refabrication d'éléments manquants ou détériorés, la restauration des intérieurs est en cours depuis 2019 et une partie a été réhabilitée et ouverte aux visiteurs lors des Journées européennes du patrimoine 2022. Intégrée à l'Écomusée du Creusot‑Montceau, la villa et ses jardins sont ouverts au public et font l'objet de visites guidées. La maison est ornée de nombreux éléments en céramique : briques émaillées et en terre cuite moulée, tuiles émaillées et en terre cuite moulée, carreaux de céramique pour les sols, cheminées en céramique et panneaux décoratifs ; ces décors, inspirés par la nature et proches de l'Art nouveau, se retrouvent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. L'édifice est bâti en moellons de calcaire et ses toitures associent tuiles mécaniques et tuiles en écaille polychromes vernissées. Les principaux ornements sont concentrés sur la façade donnant sur la voie ferrée Nevers–Chagny par Montchanin, de manière à être visibles des voyageurs et clients potentiels. Le domaine comprend une orangerie dont le sol est carrelé de céramique, un poulailler‑pigeonnier en mauvais état, une serre détruite, des écuries désormais situées hors de la propriété et un mur construit en tuiles de récupération. Outre la villa, subsistent plusieurs bâtiments liés à l'activité de la tuilerie : le bâtiment des bureaux, vestiaire et conciergerie, les écuries et la cité ouvrière dite « cité Perrusson », composée d'un ensemble de logements et de locaux commerciaux (café, épicerie, boulangerie). À proximité de l'usine, au lieu‑dit du Rompey face à l'écluse n°IX du canal, les Perrusson ont fait édifier une cité ouvrière de treize bâtiments regroupant vingt‑huit logements, avec une extension dans les années 1930. La famille a exploité d'autres sites, notamment à Saint‑Léger‑sur‑Dheune (active 1866–1956), à Sancoins (usine ajoutée en 1871) et à Fontafie en Charente (établie en 1878 et poursuivant son activité jusqu'en 1988). Les archives de l'entreprise, dont des catalogues acquis par l'Écomusée entre 1999 et 2011, sont disponibles numérisées sur le portail PANDOR. Depuis 2016, le parc accueille des expositions d'art contemporain liées à la céramique et des artistes comme Agnès Debizet ou Frédérique Fleury y ont participé, tandis que des campagnes de valorisation lancées après l'acquisition par la Communauté urbaine ont permis d'améliorer le parc et l'architecture du domaine.