Origine et histoire du Tumulus de Dissignac
Le tumulus de Dissignac est un monument mégalithique funéraire situé à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Les analyses donnent une datation comprise entre 4 700 et 4 500 ans avant notre ère, et une attribution autour de 4 300 av. J.-C. est également mentionnée. L'architecture, les gravures et le mobilier permettent de le considérer comme le plus ancien édifice mégalithique du département ; il est contemporain du Grand menhir brisé de Locmariaquer et devance d’environ 2 000 ans la première pyramide égyptienne, celle de Djéser. Propriété de l’État, le tumulus est classé au titre des monuments historiques depuis 1889 ; il n’est ouvert au public qu’en juillet et août et lors des Journées européennes du patrimoine.
Le monument se situe sur une butte nommée « Bosse de la Prière », à environ 6 km à l’ouest du centre de Saint-Nazaire, à quelque 3 km au nord-ouest du littoral (plages de Porcé et de Trébézy), à 4 km au nord de la station de Saint-Marc-sur-Mer et à environ 4,5 km de la pointe de Chémoulin. Il se trouve près de la route de Dissignac, à moins d’un kilomètre au sud de l’ancienne route de Saint-Nazaire à Guérande et du village de l’Immaculée.
Le tumulus a été fouillé pour la première fois de façon expéditive en 1873 par A. Martin et R. Kerviler, puis fait l’objet de plusieurs campagnes dans les années 1970 et 1980, notamment sous la direction de Jean L’Helgouach. Ces recherches ont permis d’étudier précisément sa structure et d’établir que sa construction s’est déroulée en deux étapes.
Le monument est essentiellement recouvert d’une masse de cailloux et de terre végétalisée formant un cairn d’environ 3,20 m de haut ; les éléments mégalithiques apparaissent surtout aux entrées et à l’intérieur. Il comprend deux chambres funéraires — la première, la plus vaste, est semi-circulaire, la seconde est rectangulaire — desservies chacune par une allée parallèle d’environ 11 m, dont les entrées sont orientées au sud-est.
Les chambres et leurs couloirs sont entourés de trois enceintes concentriques. La première, haute d’environ 2 m, est constituée de blocs de gneiss locaux ; la seconde repose sur des blocs de granite et de quartz dressés et est surmontée de galets, la troisième, la plus basse, est un simple mur en moellons. À la base extérieure des deux premières enceintes, une masse d’argile a été compactée en butée selon une pente d’environ 45°, et les espaces entre les enceintes ont été comblés par de la pierraille.
L’étude architecturale a montré que la première enceinte formait initialement la façade du tumulus, d’un diamètre inférieur à 17 m, avec des couloirs longs de 7 m ; une seconde phase, survenue rapidement, a ajouté les deux autres enceintes, rallongeant chaque couloir de 4 m et portant le diamètre à 21 m. Une façade de parement en pierres a été insérée entre les deux entrées lors de cette extension.
Les dalles des chambres ne proviennent pas du site : les plaques de granite viennent de la façade littorale de Saint-Marc-sur-Mer et les dalles en amphibolite (pyroxénite) de Ville-ès-Martin, déplacées d’au moins 4 km ; aucune ne dépasse cinq tonnes. Dans la grande chambre, l’alternance de dalles de granite et d’amphibolite et l’emploi de blocs de compensation pour niveler les supports témoignent d’un souci esthétique et technique ; certains blocs débordent en encorbellement, réduisant la portée des tables de couverture.
La dalle de couverture de la petite chambre est un bloc de granite littoral dont les traces d’érosion marine ont été atténuées par bouchardage et polissage ; elle porte des gravures obtenues par piquetage. Les motifs et le style se rattachent à des gravures observées dans le Morbihan : haches triangulaires comparables à celles de la Table des Marchands, crosses similaires à celles du menhir de Kermarquer et une grande « hache-charrue » présente aussi sur plusieurs mégalithes morbihannais. L’une des haches gravées semble avoir été transformée, une crosse ayant été retravaillée par piquetage pour lui ajouter une lame.
Les fouilles de 1873 n’ont pas livré de matériel conservé ; les campagnes des années 1970-1980 ont mis au jour du mobilier céramique — bols, coupes, bouteilles, assiettes, plats, vases et brûle-parfums — daté du IVe millénaire av. J.-C., ainsi que des objets en pierre tels que haches en dolérite ou jadéite, grattoirs, pointes de flèches et perles en séricite ou en variscite.