Origine et histoire du Tumulus de la Hogue
Le tumulus dit de la Hogue est un monument néolithique situé à Fontenay-le-Marmion, dans le Calvados. Le nom est redondant : en ancien normand hogue signifie « colline, butte » et, accessoirement, « tumulus » ; sa variante hougue, employée dans le nord du Cotentin et les îles de la Manche, provient du vieux norrois haugr, mot qui a donné l’islandais haugur et le norvégien haug. Le site fut découvert en 1829 par des ouvriers qui extrayaient des pierres pour réparer les chemins communaux, puis fouillé en 1830-1831 par la Société des Antiquaires de Normandie; d’autres extractions eurent lieu en 1834-1835. Pour le préserver d’une destruction totale, le propriétaire du château de Fontenay, M. le Hardelay, acheta le tumulus en 1840. Le monument est classé au titre des monuments historiques depuis le 26 décembre 1905. Léon Coutil y mena plusieurs campagnes de fouilles et de restauration (1904, 1906, 1908 et 1917), et, à la fin des années 1960, la restauration du parement extérieur conduisit Édouard Laignel à fouiller la chambre A.
Le tumulus, qui devait mesurer à l’origine entre 8 et 10 mètres de hauteur, se dresse au milieu des champs de la plaine de Caen, sur des terrains calcaires jurassiques. De plan ovalaire, il mesure 49 mètres de long dans l’axe nord-sud et 37 mètres de large est-ouest ; le quart nord-ouest a été détruit par les extractions successives, la façade est étant la mieux conservée. Le cairn contenait, lors de sa découverte, douze chambres funéraires sub-circulaires accessibles par des couloirs en pierres sèches dont les entrées rayonnaient autour du monument sans orientation particulière. Les chambres étaient couvertes par encorbellement; dans l’une d’elles, le couloir d’accès comportait encore une dalle calcaire horizontale reposant sur deux piliers verticaux. La chambre A, de 3,80 mètres de diamètre, présente un compartimentage interne réalisé avec de petites dalles calcaires posées sur chant. À environ 500 mètres se trouve un autre monument du même type, le tumulus de la Hoguette.
Selon le compte rendu des fouilles de 1830-1831, dans les dix chambres explorées les ossements humains furent retrouvés sans disposition particulière, jetés sur le sol, et certains os portaient des traces d’ustion; ces observations furent confirmées par la fouille de E. Lagnel qui nota « pratiquement aucun élément de squelette en connexion ». Le mobilier de la chambre A comprenait principalement des éléments de parure — vingt et une canines perforées, cinq pendeloques en ivoire, une pendeloque en ambre et quatre coquilles de bivalves perforées — ainsi que un petit outillage constitué d’un fragment d’aiguille en os et d’un petit éclat de silex.
La tradition locale associait autrefois le tumulus à un ancien cimetière romain; selon une légende rapportée par Léon Coutil en 1902, un général romain aurait été tué et enterré à la Hogue, chaque soldat apportant une pierre sur son corps, et des apparitions nocturnes auraient été prétendues; les fouilles ont dissipé la croyance en un trésor caché sous le tumulus.