Origine et histoire du Tumulus de la Hoguette
Le tumulus de la Hoguette est un monument funéraire néolithique situé à Fontenay-le-Marmion, dans le Calvados. La découverte, sous le cairn, de tessons d'une céramique particulière a donné son nom au « groupe de La Hoguette », terme archéologique désignant l'unité temporelle et matérielle de plusieurs sites néolithiques d'Europe. Le site est mentionné dès 1829 lors de la fouille du tumulus voisin, la Hogue, et fit l'objet d'une première intervention à la demande de la Société des antiquaires de Normandie. En octobre 1895, l'archéologue amateur G. Sausse procéda à une fouille sommaire de cinq jours dont le mobilier recueilli fut jugé non pertinent. Une campagne de fouilles approfondie se déroula de 1964 à 1969. En raison de la fragilité de l'édifice, le tumulus fut recouvert de sable et de terre pour le protéger et n'est plus visible aujourd'hui. Le site est classé au titre des monuments historiques depuis le 8 décembre 1975.
De dimensions modestes par rapport à son voisin distant d'environ 600 mètres, le tumulus de la Hoguette est un cairn à chambres multiples comparable par sa typologie au tumulus de la Hogue, d'où son suffixe diminutif. Ces deux ensembles, architecturalement très homogènes, s'inscrivent dans la série des cairns à chambres multiples de type armoricain, parmi lesquels figurent l'Île Guenioc, le cairn de Barnenez et le cairn de la Ville-Pichard, et constituent les éléments les plus orientaux de ce groupe. Édifié à mi-pente du versant nord d'une vallée peu profonde, le cairn mesure 29 mètres de long sur 21 mètres de large ; ses côtés nord-est et sud-est sont rectilignes et se rencontrent à angle droit, tandis que l'ouest est arrondi, l'ensemble étant ceinturé d'un parement et couvrant une superficie d'environ 550 m2. Le cairn renferme sept chambres funéraires de plan circulaire, chacune accessible par un couloir : trois s'ouvrent au nord‑ouest, trois au sud‑est et une au nord‑est. Il est construit de dalles calcaires posées à plat directement sur le paléosol, les faces externes du cairn ainsi que les côtés des chambres et des couloirs étant délimités par un parement vertical soigné. Deux types de calcaire d'origine locale ont été employés : un calcaire dur et compact pour les parements et un calcaire plus tendre pour le reste de la structure, matière qui, très gélive, a probablement provoqué l'effondrement rapide de la partie supérieure du cairn. Le nivellement a réduit la hauteur du tumulus, qui n'excède plus en moyenne 0,80 m au nord et 0,50 m au sud, de sorte que le mode de couverture des chambres reste inconnu ; il devait cependant être du type à encorbellement comme au tumulus de la Hogue, alors qu'aucune dalle de couverture des couloirs n'a été retrouvée. De plus, de nombreuses fosses d'extraction de pierre pratiquées postérieurement ont en partie détruit la chambre III et le couloir de la chambre VI.
Le dallage des chambres varie : certaines, comme les chambres I et II, présentent uniquement de petites dalles simples, d'autres, notamment les chambres II et VI, montrent de plus grandes dalles reposant sur un premier lit de plus petites, et la chambre VI comporte dans certains éléments de grandes dalles posées directement au sol ; elle possédait aussi un cloisonnement interne vertical de type chambre/antichambre. Un crématoire fut aménagé ultérieurement dans la masse du cairn au sud‑est ; il s'enfonce sur 3,20 m dans le tumulus et se prolonge sur 8,80 m à l'extérieur, entraînant la creuse d'une tranchée de section trapézoïdale sur 0,50 m de profondeur qui a peut‑être réutilisé le couloir d'accès d'une hypothétique huitième chambre désormais disparue, emplacement correspondant aujourd'hui à une fosse d'extraction de pierres.
Le nombre d'individus inhumés varie selon les chambres : 14 dans les chambres I et III, quatre dans la II, huit dans la IV, neuf dans la V, six dans la VI et cinq dans la VII, tous déposés en décubitus latéral avec les membres fléchis. Dans la chambre I, des crânes furent découverts posés sur une dalle de calcaire et protégés par deux autres dalles formant un petit toit, tandis que dans la chambre II les ossements étaient recouverts de dalles en position horizontale. Les datations au radiocarbone des ossements situent l'intervalle chronologique entre 3 610 et 3 100 av. J.-C. Le mobilier se compose principalement d'outils lithiques et de fragments de poteries, avec un seul élément de parure, un coquillage marin ; l'outillage (lames, couteaux) a été retrouvé dans les chambres I, II et VI sur ou sous le dallage, tandis que des outils d'usage comme grattoirs et tranchets ont été trouvés à l'extérieur du cairn, distinction qui semble intentionnelle. Des fragments d'un petit vase de type chasséen furent découverts à l'extérieur, alors que deux grands vases de stockage à fond rond, retrouvés dans le sol fossile sous le cairn et donc antérieurs à la construction des chambres, présentent un décor en guirlande réalisé au poinçon bifide ; faute d'éléments de comparaison, ces vases furent initialement qualifiés de « danubiens ». En 1983, Christian Jeunesse établit un parallèle entre ces tessons et d'autres décors similaires trouvés en France de l'est, aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et en Suisse, et proposa d'appeler « groupe de La Hoguette » cette unité matérielle et temporelle reconnue sur plusieurs sites néolithiques d'Europe.
Le mobilier funéraire associé au crématoire comprenait des poteries, parmi lesquelles une bouteille à collerette entière et des fragments assimilés au type « pot-de-fleur » de la culture Seine-Oise-Marne, des outils lithiques (dont une armature de flèche à tranchant transversal et des fragments de lames brutes), un petit outillage osseux fragmenté et quelques éléments de parure tels que deux perles cylindriques en roche dure et des fragments de coquille de Dentalium. L'ensemble du mobilier traduit, selon l'analyse des fouilleurs, une unité ethnique accompagnée de phénomènes d'acculturation d'origines diverses.