Origine et histoire
Le tumulus est un tertre artificiel, de forme diverse, recouvrant souvent une sépulture. On en trouve sur tous les continents où la civilisation humaine s'est développée ; leur architecture et leur datation varient selon les cultures qui les ont édifiés. Le terme provient du latin ; le pluriel tumuli est latin mais la réforme orthographique de 1990 admet le pluriel tumulus. Contrairement au tertre d'origine parfois naturelle et constitué uniquement de terre, le tumulus est une construction artificielle faite de terre et de pierres, et il se distingue du cairn, formé uniquement de pierres. La plupart des tumulus sont circulaires, mais ils peuvent aussi être carrés, rectangulaires, trapézoïdaux ou ovoïdes. Avec le temps, l'érosion, les réutilisations et le pillage peuvent modifier leur forme initiale. Leur masse peut être constituée d'un simple dépôt en vrac ou d'une architecture plus élaborée associant murs internes, compartiments en pierre, comblements et dispositifs de contrepoussée. Le périmètre, parfois appelé péristalithe, peut être délimité par un parement répondant à des contraintes techniques ou esthétiques ; certains tumulus présentent plusieurs parements concentriques ou une élévation en gradins. La taille d'un tumulus est généralement proportionnelle à celle de la tombe qu'il recouvre, mais certains tumulus sont volontairement disproportionnés, dits tumulus longs. Dans l'architecture mégalithique néolithique, le tumulus fait partie intégrante du dispositif protecteur : nombre de dolmens étaient originellement couverts par un tumulus ou un cairn. Les sépultures abritées peuvent être très diverses : dépôts d'ossements brûlés, cistes, dolmens, hypogées ou autres types de tombes. Le terme tumulus est parfois employé par défaut lorsque la nature précise de la sépulture ou la composition sédimentaire du monument restent inconnues sans fouille. Des concentrations de tumulus sur un espace restreint peuvent former de véritables nécropoles. Visibles en relief et souvent recherchés pour les biens qu'on suppose y être, les tumulus ont été fréquemment pillés. Leur matériau peut aussi être réutilisé comme carrière et leur présence gêner les travaux agricoles, surtout avec le machinisme. À l'inverse, certains tumulus ont été conservés ou réaménagés comme assise pour des constructions défensives, depuis des fortifications protohistoriques et des mottes féodales jusqu'à des blockhaus de la Seconde Guerre mondiale. En Afrique, les plus anciens tumulus connus se situent en Algérie et en Égypte ; dans la mythologie héliopolitaine égyptienne, le tumulus représente la butte d'où naquit le soleil, et ces monticules funéraires sont utilisés jusqu'à la fin de la période prédynastique avant d'être remplacés par les mastabas et les pyramides. En Algérie, les tumulus, apparus dès le Néolithique en lien avec les tombes mégalithiques, perdurent jusque dans l'Antiquité, avec des exemples comme le mausolée royal de Maurétanie et le Madracen. En Amérique du Nord, des tumulus ont été identifiés au Canada (L'Anse Amour, tumulus Augustine sur la presqu'île de Plaisance) et aux États‑Unis (les Mound Builders, Serpent Mound dans l'Ohio, Monk's Mound). En Asie, certaines pyramides chinoises sont des tumulus abritant des sépultures, notamment dans la province du Shaanxi, et au Japon les kofun sont des tumulus mégalithiques construits entre le IVe et le VIIe siècle. L'Europe compte de nombreux tumulus, liés d'abord au Néolithique et au mégalithisme mais présents ensuite durant la protohistoire et l'Antiquité ; on en trouve au Royaume‑Uni (Sutton Hoo, Silbury Hill), en Italie (tumulus étrusques), en France, en Belgique, en Suisse (tumulus de Moncor), en Grèce, en Bulgarie (tombeaux thraces), en Pologne (tumulus de Krakus) et en Russie (kourgane). Jusqu'au XXIe siècle, la forme du tumulus a parfois été reprise, comme pour des columbariums construits sous forme de tumulus (Long Barrow at All Cannings et Soulton Long Barrow). Parmi les exemples souvent cités figurent Silbury Hill, le tumulus d'Hottomont, la nécropole de Banditaccia, le tumulus des Athéniens et le tumulus de Colombiers‑sur‑Seulles.