Origine et histoire du Tunnel ferroviaire du Somport
Le tunnel du Somport est un ouvrage ferroviaire frontalier de la ligne Pau–Canfranc, reliant la France et l'Espagne. Il mesure 7 874 mètres de long, dont 3 160 en France, présente une largeur de 4,75 mètres et une hauteur de 6 mètres, et se situe à plus de 1 100 mètres d'altitude. Réalisé par la Compagnie du Midi, son percement s'est déroulé entre 1908 et 1915. Les travaux débutèrent en octobre 1908 côté français, aux Forges d'Abel, puis le 23 octobre côté espagnol ; ils se firent en continu, avec creusement de deux galeries superposées à l'aide de perforatrices à air comprimé et de dynamite. Une arrivée d'eau en octobre 1911 interrompit les travaux quinze jours, la jonction entre les équipes eut lieu le 13 octobre 1912 et le tunnel fut réceptionné le 15 septembre 1915. La frontière est matérialisée à l'intérieur par deux bornes en pierre de taille encastrées dans les parois, conformément à une convention bilatérale. La ligne fut électrifiée et mise en service en 1928 ; la gare internationale de Canfranc fut achevée la même année et le premier train passa par le tunnel lors de l'inauguration. L'exploitation ferroviaire a été interrompue après le déraillement du 27 mars 1970 qui provoqua la destruction du pont de l'Estanguet et l'arrêt de la section Bedous–Canfranc. La voie a ensuite été déposée dans le tunnel, qui jouxte désormais le tunnel routier du Somport et sert de galerie de secours. Le tunnel est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984. En 1986 il a été investi par le laboratoire souterrain de Canfranc, rattaché à l'université de Saragosse, pour des recherches en physique sur la matière noire et les neutrinos. Le tunnel routier du Somport, inauguré le 17 janvier 2003, utilise depuis lors la galerie ferroviaire comme itinéraire d'évacuation. Pour le centenaire de la jonction, une plaque a été inaugurée le 13 octobre 2012 à l'entrée du tunnel. En 2016, les régions concernées ont réaffirmé leur volonté de rétablir la liaison ferroviaire, et des opposants au tunnel routier militent pour la réouverture afin de réduire le nombre de camions et les accidents dans la vallée d'Aspe. En juillet 2019, une partie du bas-relief au-dessus de l'entrée espagnole représentant un bouclier avec l'aigle franquiste a été retirée ; un écusson aux armes d'Alphonse XIII a été envisagé pour le remplacer. Une étude publiée en septembre 2024 estime à 93 millions d'euros le coût de réhabilitation et de réouverture du tunnel, comprenant retrait du revêtement, élargissement dans la roche, pose d'un nouveau revêtement, d'une plateforme, de la voie et de la caténaire, ainsi que des équipements de ventilation et de sécurité, pour une durée de travaux évaluée à 52 mois. Une galerie photographique documente les entrées françaises et espagnoles, le fronton côté espagnol dont le bas-relief a été modifié, les accès destinés aux secours et des vues de l'entrée côté français.
