Origine et histoire
Construit entre 1948 et 1952 à Bollène (Vaucluse) sur le canal de Donzère-Mondragon, l'usine-barrage André-Blondel repose sur un mur-barrage implanté sur une dérivation du Rhône longue de 28 km entre Donzère et Mondragon. La centrale, dédiée au physicien André Blondel, comporte six groupes turbines-alternateurs pour une puissance installée de 348 MW et une production annuelle d'environ 2 140 GWh. Chaque alternateur, d'une capacité de 59 MW, est entraîné par une turbine Kaplan ; le débit maximum turbinable est de 1 980 m3/s. La tension de sortie des alternateurs est de 10 500 V, relevée à 220 000 V par les transformateurs de la Compagnie nationale du Rhône (CNR). Cette installation est la plus productive du Rhône et fournit environ 13 % de la production hydroélectrique de la CNR, soit presque la consommation annuelle de la ville de Lyon. L'architecte Théodore Sardnal, élève des frères Perret, a dessiné la salle des machines ; l'élévation en béton armé est rythmée par des piliers et des claustras vitrées. La centrale figure parmi les premiers grands chantiers industriels de la IVe République et constitue un témoignage de l'histoire technique et architecturale de l'immédiat après-guerre. Le barrage comprend une écluse, côté rive droite, permettant le passage des bateaux ; la hauteur entre l'aval et l'amont de cette écluse est de 23 mètres, la plus grande de France. Une passe à poissons a été aménagée pour assurer la libre circulation de la faune du Rhône dans les deux sens. La centrale a été inaugurée le 25 octobre 1952 et inscrite au titre des Monuments historiques le 4 juin 1992. Le 2 février 1998, à 12 h 45, un accident a provoqué une vague dans l'écluse de Bollène : alors qu'une péniche, l'Arlate (1 200 t), était dans le sas, la porte amont s'est brusquement ouverte, entraînant une déferlante ; le couple de mariniers a été emporté, la femme s'est noyée et le bateau a coulé, la porte aval ayant résisté au choc. À titre de comparaison, les centrales nucléaires de Cruas et du Tricastin, situées en amont sur le Rhône, disposent chacune de quatre tranches de 900 MW, soit 3 600 MW au total, contre les 348 MW de la centrale hydroélectrique de Donzère-Mondragon.