Origine et histoire de l'Usine d'Air Comprimé
Située au 3-13 quai Panhard-et-Levassor, dans le quartier de la Gare du 13e arrondissement, l'usine de la Société urbaine d'air comprimé (SUDAC) alimentait en air comprimé Paris et sa proche banlieue jusqu'à son arrêt en 1994. La mise en place d'un réseau de distribution d'air comprimé à Paris remonte à 1879, initiée par l'ingénieur Victor Popp pour l'installation d'horloges pneumatiques, et l'usine du quai Panhard-et-Levassor a été construite en 1890-1891 sous la direction de l'ingénieur Joseph Leclaire et de l'architecte Guy Lebris, en réutilisant un immeuble existant pour y loger la direction. Un bâtiment à usage de bureaux a été ajouté vers 1905 par Paul Friesé, et la maison du directeur, haute de trois étages, a également été édifiée en 1905 entre la Seine et la halle. De l'usine primitive subsiste une grande halle métallique ; trois petites halles ont été remplacées en 1920 par une halle en béton et en brique. À l'origine, l'installation comprenait quatre machines à vapeur verticales de type Corliss à triple expansion fournies par Le Creusot, vingt-quatre chaudières Babcock & Wilcox et deux cheminées de 45 mètres portant la date de 1890 ; l'ensemble se composait principalement de quatre nefs parallèles, le plus haut étant le hall des machines orné d'une horloge monumentale en façade. Le site a été inauguré en 1892 et l'usine succédait à deux installations moins importantes rue Saint-Fargeau et rue Sainte-Anne pour desservir la capitale. La crue de la Seine du 21 janvier 1910 noya l'usine et interrompit ses services, figea les horloges de la ville à 22h53 et provoqua une coupure de treize jours ; l'activité reprit le 3 février. Entre 1918 et 1920, l'usine fut modernisée : le hall à trois nefs et sa cheminée furent démolis au profit d'un bâtiment unique plus haut en béton armé, accompagné de deux cheminées et de bâtiments annexes, et la grande salle des machines reçut une plateforme pour accueillir quatre turbocompresseurs Brown Boveri alimentés par six chaudières Babcock & Wilcox. L'horloge monumentale fut déposée de la façade en 1967, l'usine fut électrifiée en 1974 et cessa son fonctionnement en 1994. La cheminée subsistante et la grande halle des machines ont été inscrites au titre des monuments historiques le 29 juin 1994 et ont été réhabilitées lors de la transformation du site pour accueillir l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-Val de Seine dans le cadre de l'opération Paris Rive Gauche ; un nouveau bâtiment de sept étages a été construit à côté. Après la fermeture, le site fut désaffecté, fréquenté par des graffeurs, et la maison du directeur fut squattée en 1999 ; connue sous le nom de « Le 13 », elle devint un lieu d'habitation et un haut lieu du grindcore avant son expulsion en 2002. La transformation en école, imaginée par l'architecte Frédéric Borel, lauréat de la consultation de 2002, a notamment placé une bibliothèque sous la voûte de la halle sur toute sa longueur. Entre les deux bâtiments restent un hall et une cour, et la cheminée en briques intègre un escalier en colimaçon desservant deux passerelles qui relient la halle et ses programmes techniques (salles informatiques, bibliothèque, matériauthèque) au nouveau bâtiment et à ses programmes théoriques (ateliers, salles de cours). La maison du directeur a fait l'objet d'une transformation architecturale radicale en 2016, conservant uniquement son enveloppe extérieure.
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