Usine des Batignolles à Nantes en Loire-Atlantique

Usine des Batignolles

  • 44300 Nantes
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Usine des Batignolles
Crédit photo : Scanné par Claude_Villetaneuse - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1ère moitié XXe siècle

Patrimoine classé

Les parties constitutives de l’usine des Batignolles, qui suivent : les nefs A, B et C en totalité, les façades et toitures des nefs D, E, F, I, J et K, les façades et toitures de la nef G avec l’intégralité de sa structure (y compris les poutres, renforts et poteaux intérieurs) ainsi que le pont roulant intérieur avec sa cabine de conduite, d’une part, les trois bâtiments couverts en sheds en totalité (situés entre les nefs A, B, C et D), les portiques extérieurs en béton armé soutenant les chemins de roulement des ponts roulants aériens, les façades et toitures du centre de documentation et de perfectionnement de l’usine conçu par Roland Bechmann, le monument aux morts dédié aux ouvriers batignollais, d’autre part, tels que délimités sur le plan annexé à l’arrêté, figurant au cadastre sur la parcelle section RV : n° 111 sur laquelle se trouve la nef F, n° 228 sur laquelle se trouve la nef E, n° 257 sur laquelle se trouvent les nefs A, B et C, le monument aux morts, le bâtiment Bechmann et les trois bâtiments couverts en sheds, n° 258 sur laquelle se trouve la nef D, n° 262 sur laquelle se trouvent les nefs I, J, K et G ainsi que le pont roulant avec sa cabine de conduite, les portiques extérieurs soutenant les chemins de roulement des ponts roulants aériens : inscription par arrêté du 3 août 2022

Origine et histoire

L'usine des Batignolles est une ancienne usine du début du XXe siècle, aujourd'hui classée monument historique, située rue du Ranzay dans le quartier Nantes Erdre, à Nantes, en Loire-Atlantique. En 1917, la famille Goüin, propriétaire de la Société de construction des Batignolles, lance la construction de dix nefs pour la filiale Batignolles-Châtillon ; l'ouvrage est conçu par l'ingénieur Eugène Freyssinet, reconnu pour sa maîtrise du béton armé. L'établissement comprend plusieurs vastes bâtiments destinés à accueillir des milliers d'ouvriers pour la construction et la réparation de locomotives Pacific ; d'autres modèles seront produits par la suite et, à partir des années 1950, l'entreprise diversifie ses activités avec notamment des tourelles de char, des tubes lance-torpilles et des rotatives d'imprimerie. À l'est de Nantes se développent des cités ouvrières — Ranzay, Baratte, Halvêque — et l'usine fournit à une partie de son personnel des maisons individuelles avec jardin, ainsi qu'une école, un cinéma et un dispensaire ; les cadres logent dans des bâtiments en pierre, tandis que de nombreux ouvriers vivent dans des pavillons en bois aux conditions rudimentaires, et des travailleurs étrangers occupent des chambres collectives ou des wagons désaffectés. L'entreprise recrute des ouvriers venus notamment de Pologne, d'Allemagne, d'Italie, de Tchécoslovaquie, d'Autriche et du Portugal. L'usine est aussi un lieu de luttes sociales : bastion syndical de la CGT, elle connaît en 1922 des actions de la CGTU contre des suppressions d'emplois, aboutissant à des licenciements et à la création d'un comité dit de « jaunes », puis, en 1930, des accusations visant l'organisation des ouvriers étrangers et l'éviction de cinq travailleurs. En 1936, une occupation d'une semaine obtient l'augmentation de 5 francs réclamée par les ouvriers. Pendant la Seconde Guerre mondiale, seize ouvriers sont fusillés pour faits de résistance, d'autres deviennent prisonniers, victimes du STO ou des bombardements de 1943. Après la guerre, la CGT se recompose avec la CFTC et la CGT-FO, et en 1955 les ouvriers participent, avec ceux de la construction navale, aux grèves de Saint-Nazaire. L'usine passe sous le contrôle de Schneider en 1963 puis de Creusot-Loire en 1970 ; elle est de nouveau occupée lors des événements de mai 1968, puis connaît, trois ans plus tard, un long mouvement de grève marqué par le saccage des bureaux de direction, six semaines de mobilisation et un compromis qui met fin au conflit, dernier mouvement d'ampleur sur le site. Après la faillite de Creusot-Loire en 1984, l'activité est scindée entre Rockwell, Batignolles Technologies thermiques et Worthington. Les bâtiments, en partie construits en béton armé et divisés en trois secteurs, abritaient notamment les ateliers de locomotives du côté ouest où des Pacific 231 furent construites. Une inscription partielle au titre des monuments historiques est intervenue le 3 août 2022. Dans les années 1990, Annick Vidal, fille d'un ancien ouvrier, engage une action de mémoire pour préserver le patrimoine ouvrier : elle crée un comité de quartier qui contribue au sauvetage de l'ancienne église Saint-Georges-des-Batignolles et tente de conserver l'architecture des cités ouvrières, projet aboutissant à la construction, sur plans inspirés des maisons Bessonneau et sous la direction de l'architecte Yolande Ceineray, d'une maison ouvrière. La Maison ouvrière des Batignolles, située 30 boulevard des Batignolles à Nantes, est inaugurée le 16 septembre 2006 ; elle sert aujourd'hui de salle associative et porte le nom d'Annick Vidal depuis le 9 décembre 2022.

Liens externes