Origine et histoire
L'usine des eaux de Saint-Clair est une ancienne usine de pompage située sur la rive droite du Rhône, à Caluire-et-Cuire, dans la périphérie de Lyon. Construite en 1854 par l'ingénieur Aristide Dumont pour la Compagnie générale des eaux, elle alimentait en eau potable plusieurs quartiers de Lyon, notamment la Croix-Rousse, la Presqu'île, Vaise, Les Brotteaux et la Guillotière. L'ensemble de l'usine et du réseau de distribution fut mis en service dans les années 1856-1857. Trois pompes à vapeur de type Cornouailles, monumentales, assurèrent l'aspiration et le refoulement de l'eau du Rhône ; elles mesuraient 20 mètres de haut, 13 mètres de large et représentaient un poids total d'environ 200 tonnes, permettant une production de l'ordre de 20 000 m3 d'eau par jour. La machine conservée a été construite au Creusot par Schneider : l'ensemble s'étage sur 13 mètres de hauteur, le balancier en fonte a la forme d'une navette de 7 mètres de long et pèse 35 tonnes, il est calé par des poutres et relié d'un côté à la pompe et de l'autre à un piston de 1 mètre de diamètre ayant une course de 2,5 mètres. Cette machine développait une puissance de 175 chevaux, avec un rythme de 6 à 10 coups de piston par minute ; chaque coup refoulait 2 mètres cubes d'eau. La machine est en acier et ses coussinets sont en bronze. Les pompes à vapeur ont été utilisées jusqu'en 1910, puis remplacées par des pompes électriques ; plusieurs pompes et chaudières furent démontées dans les années 1930, deux exemplaires ayant été enlevés en 1938. Le site formait à l'origine un complexe comprenant de vastes bassins de service et de filtration souterrains — d'immenses caves voûtées soutenues par des piliers — destinés au captage, à la circulation et à la filtration des eaux du Rhône ; ces bassins ne sont plus utilisés depuis 1976 mais restent accessibles. Le bâtiment de l'usine, de dimensions modestes et de style néo-classique, présente un corps central à deux niveaux flanqué de deux ailes symétriques. Il ne subsiste aujourd'hui qu'une seule pompe de type Cornouailles, conservée sur place et présentée lors de visites guidées et des Journées européennes du patrimoine ; cet exemplaire est considéré comme le dernier témoin de ce type en France. Le bâtiment abritant la pompe et les bassins filtrants est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 3 novembre 1988 et la machine de Cornouailles est classée depuis le 22 mars 1991. Une association locale, L'eau à Lyon et la pompe de Cornouailles, organise régulièrement des visites du site.