Usine des horlogeries Dodane à Besançon dans le Doubs

Patrimoine classé Patrimoine industriel Usine Maison d'architecte

Usine des horlogeries Dodane à Besançon

  • 7 Avenue de Montrapon
  • 25000 Besançon
Crédit photo : Toufik-de-planoise - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

2e quart XXe siècle

Patrimoine classé

Usine, y compris le décor intérieur et le jardin (cad. HX 58) : inscription par arrêté du 20 juin 1986

Origine et histoire de l'Usine des horlogeries

L'usine Dodane a été commandée par l'horloger Raymond Dodane à l'architecte Auguste Perret et construite entre 1939 et 1943. L'édifice en L rassemble dans un même volume les fonctions de production, les bureaux et le logement patronal. Perret y met en œuvre un système poteaux‑poutres en béton armé, avec remplissage par panneaux préfabriqués en béton de gravillons lavé et toit‑terrasse, et accorde un soin particulier aux nuisances liées au travail (bruit, vibrations, poussières). Le bâtiment est organisé sur plusieurs niveaux : conciergerie en soubassement, appartement au rez‑de‑chaussée surélevé, bureaux au premier étage et ateliers au deuxième, desservis par un escalier extérieur d'angle. L'architecte a également conçu les annexes nord (garages et atelier), les aménagements du parc — terrasse compensant le dénivelé, piscine et court de tennis — ainsi qu'une partie du mobilier et des décors intérieurs. Claude Dodane a engagé des artistes pour le décor, en particulier pour une tapisserie et des peintures pour les chambres d'enfants. La construction a été conduite sous la direction d'un architecte d'opération, André Boucton. Une extension importante vers le sud‑ouest a été envisagée mais n'a pas été réalisée. L'usine a fabriqué des montres et, à partir des années 1950, des chronographes destinés notamment à l'Armée de l'Air et à la Marine, en utilisant des calibres suisses Valjoux ; environ 5 000 chronographes des types E20 et E21 ont été produits entre 1954 et 1994 sous diverses marques. Le chronographe de type E21 se distingue par un mécanisme de « retour en vol » permettant l'arrêt et la remise à zéro instantanée par un seul appui. La clientèle comprenait des administrations comme l'Éducation nationale et les PTT, mais essentiellement le secteur de l'aviation, avec des ventes à l'armée de l'air française, à l'OTAN et à des compagnies aériennes civiles. L'entreprise a atteint une production de 160 000 montres en 1978. En 1980, Michel et Laurent Dodane ont repris la direction ; la société employait alors 120 personnes et produisait près de 150 000 pièces annuelles, comprenant montres mécaniques, montres électroniques à quartz, chronographes et compteurs. L'usine et son jardin ont été inscrits au titre des monuments historiques le 20 juin 1986, l'inscription couvrant le décor intérieur et le parc. La perte d'un important marché militaire et la conjoncture liée à la guerre du Golfe ont fragilisé l'entreprise, placée en liquidation judiciaire le 28 septembre 1994 et définitivement fermée le 7 avril 1995. Le parc, le court de tennis et la piscine ont été vendus en 1996 à un promoteur, puis laissés à l'abandon, tandis que l'usine et ses annexes ont été acquises en 1998 par un promoteur qui les a transformées en bureaux pour sa société et pour des services publics. Par sa grande homogénéité architecturale et son aménagement complet, l'usine Dodane constitue un témoignage important de l'activité horlogère bisontine.

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