Usine élévatoire des eaux à Trilbardou en Seine-et-Marne

Patrimoine classé Patrimoine hydraulique Machine des eaux

Usine élévatoire des eaux à Trilbardou

  • D54A
  • 77450 Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
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Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Usine élévatoire des eaux à Trilbardou
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

4e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

Les deux bâtiments abritant les dispositifs techniques classés (cad. AB 68) : inscription par arrêté du 22 octobre 1987 - La roue hydraulique Sagebien ; les vestiges de la vanne motrice ; les quatre pompes aspirantes Sagebien ; la cloche d'équilibre ; le pont-roulant (cad. AB 68) : classement par arrêté du 26 mai 1992

Origine et histoire de l'Usine élévatoire des eaux

L'usine élévatoire de Trilbardou, propriété de la ville de Paris, est une installation hydraulique située à Trilbardou (Seine-et-Marne) destinée à alimenter le canal de l'Ourcq avec les eaux de la Marne. Elle se trouve en contrebas du canal, à 39 km du bassin de la Villette. Datant de 1865 et classée monument historique en 1989, elle est restée en état de fonctionnement, mais l'alimentation du canal est désormais essentiellement assurée par des pompes électriques installées dans un bâtiment à l'entrée du site. La télésurveillance du canal de l'Ourcq et de ses installations techniques est assurée depuis un poste de commande implanté dans l'usine.

Le canal de l'Ourcq, mis en service en 1821, est principalement alimenté par la rivière d'Ourcq, la Beuvronne, la Thérouanne et d'autres affluents mineurs. Les sécheresses des étés 1858 et 1865 avaient en effet presque paralysé la navigation, ce qui a conduit la ville de Paris à obtenir, par deux décrets du 14 avril 1866, l'autorisation de puiser de l'eau dans la Marne sur deux sites, l'un à Isles-les-Meldeuses et l'autre à Trilbardou, là où le canal passe à proximité de la rivière. Les besoins pour la navigation et d'autres usages nécessitent un débit d'environ 10 m3/s ; or le débit de l'Ourcq, élevé en hiver, peut chuter fortement en période d'étiage, rendant nécessaire le renfort par la Marne. Dans l'urgence, la ville fit installer en 1865 des machines à vapeur système Farcot, de puissance modeste et capables de puiser 40 litres par seconde, puis entreprit la construction de l'usine élévatoire de Trilbardou, équipée notamment de pompes et d'un moteur hydraulique système Sagebien, parallèlement à l'installation d'une usine élévatoire à Villers-lès-Rigault dotée d'une machine à roues turbines de Girard. Après le choc pétrolier de 1973, la restauration des installations d'Alphonse Sagebien fut entreprise, mise en œuvre par le chef d'atelier de l'usine de Trilbardou.

L'usine est établie sur l'emplacement d'une ancienne tréfilerie et laminoir, les établissements Languenard, qui exploitaient une chute de la Marne de 80 cm. La ville de Paris racheta ces installations et les droits d'eau après un incendie, ainsi que le moulin de Mareuil-lès-Meaux dont elle supprima le barrage, portant la chute à Trilbardou à 1,20 m. Compte tenu de cette faible hauteur de chute mais de l'importance du débit de la Marne, une roue hydraulique Sagebien était bien adaptée et offrait à l'époque un rendement énergétique compris entre 85 % et 90 %. La particularité de ce type de roue est d'avoir des aubes non radiales, inclinées à 45 degrés à l'entrée dans l'eau afin d'éviter chocs et tourbillons qui diminueraient le rendement et augmenteraient l'entretien ; l'eau travaille ainsi davantage par son poids que par sa vitesse, réduisant les pertes d'énergie.

La roue Sagebien mise en œuvre mesure 11 mètres de diamètre pour 6 mètres de largeur, ce qui en fait la plus importante jamais construite, les roues de moulin habituelles mesurant 4 à 8 mètres. Elle comprend 70 aubes en sapin de Lorraine représentant 28 m3 de bois, et un arbre en fer forgé de 17 tonnes, long de 11,50 m, reposant sur trois paliers suiffés et tournant à 1,5 tour par minute. Sur l'axe de cet arbre se trouve un pignon de 100 dents qui engrène deux roues plus petites tournant à 5 tours par minute ; ces roues entraînent, par l'intermédiaire de quatre bielles, quatre pompes foulantes/refoulantes également conçues par Sagebien. La puissance du moteur hydraulique est de 150 ch (environ 110 kW), suffisante pour animer les quatre pompes qui, ensemble, peuvent déverser dans le canal, situé 15 m plus haut que la Marne, environ 320 litres par seconde dans de bonnes conditions de chute. Eugène Belgrand, alors chef du service des eaux et des égouts de la ville de Paris, estimait que, lorsque la chute est favorable, le rendement en eau montée de cette machine atteint 70 % de la puissance théorique de la chute et la considérait comme probablement le meilleur moteur dont disposait la Ville. En revanche, l'installation reste lourde et lente, ce qui imposait des transmissions complexes et coûteuses pour obtenir les vitesses de rotation adaptées au fonctionnement des pompes.

Liens externes