Origine et histoire de l'Usine Menier
L'ancienne usine Menier, implantée sur la Marne en 1825 par Jean‑Antoine‑Brutus Menier (appelé aussi Antoine Brutus Menier), prit d'abord la forme d'une installation destinée au broyage de poudres médicinales. Dirigée par quatre générations de la famille Menier, elle se spécialisa à partir du Second Empire dans la fabrication du chocolat. Les principales campagnes de construction se déroulèrent de 1860 à 1867, de 1872 à 1874 sous la direction de Jules Saulnier, de 1880 à 1890 sous la conduite de Jules‑Louis Logre accompagné de son fils Louis, et de 1906 à 1908 avec Stephen Sauvestre et Louis Logre. Parmi les édifices notables figurent le moulin hydropneumatique conçu par Saulnier (1871), le bâtiment des refroidisseurs aménagé par Jules Logre (1882) et longtemps attribué à Gustave Eiffel, la nouvelle chocolaterie dite « cathédrale » de Stephen Sauvestre (1905) et la passerelle en béton fretté étudiée par l'ingénieur Armand Considère (1906). L'ensemble industriel a été remanié et restauré par les architectes Bernard Reichen et Philippe Robert en 1995‑1996 et accueille désormais le siège social de Nestlé France. La chronologie de la fin d'activité fait l'objet de mentions variées : l'arrêt de l'activité chocolatière est parfois signalé en 1990, d'autres sources évoquent un arrêt de la production en 1994, après la cession du site à Nestlé‑Rowntree‑Mackintosh en 1988. La construction de la cité ouvrière de Noisiel débuta en 1874 et, selon les sources, s'étendit jusqu'au début du XXe siècle (périodes mentionnées : 1902 et 1911) ; elle comprenait réfectoires, écoles, une mairie et une ferme. Jean‑Antoine‑Brutus Menier avait initialement loué en 1825 un moulin seigneurial à roue pendante et le terrain attenant, puis fit transformer et acquit l'ensemble pour son entreprise pharmaceutique. Le moulin fit l'objet de plusieurs reconstructions : une intervention par l'entrepreneur Dubreuil en 1842, une reconstruction par l'architecte Jules Bonneau en 1852 dotée de deux turbines conçues par l'ingénieur Louis‑Dominique Girard, puis l'édification de l'actuel moulin à la fin des années 1860‑début 1870, conçu par Jules Saulnier avec l'ingénieur Armand Moisant et mis en service en 1872. Ce moulin, pièce maîtresse de l'usine utilisant l'énergie hydraulique de la Marne pour broyer les fèves de cacao, se distingue par sa structure métallique apparente et son parement de briques polychromes à décors empruntant au style orientaliste. La charpente métallique pèse 460 tonnes pour une surface au sol de 485 m², soit 948 kg par mètre carré, et reste visible dans le décor de la façade. L'intérieur se répartit sur trois niveaux, chacun dédié à une étape de la production : broyage des fèves au dernier étage, mélange des cosses et du sucre à l'étage intermédiaire, et préparation de la pâte de cacao au rez‑de‑chaussée, conformément au principe de faire descendre le produit fini vers les niveaux inférieurs. La ferme industrielle dite « du Buisson Saint‑Antoine » fut construite entre 1880 et 1888. En 1900, la superficie de l'usine atteignait six hectares et la production connut un déclin à partir de 1950. Au titre des protections patrimoniales, la « Cathédrale » sur l'île de la Marne, le pavillon de refroidissement et le pont en béton fretté ont été inscrits au titre des monuments historiques le 7 juillet 1986 ; le moulin a été classé le 7 février 1992 et, en 2021, l'inscription a été étendue à d'autres parties de l'ancienne chocolaterie, notamment aux ateliers, grilles et intérieurs.