Origine et histoire de l'Usine Tréfimétaux
L'ancienne usine Tréfimétaux, implantée à Dives-sur-Mer (Calvados), est l'unique vestige notable d'un vaste complexe métallurgique établi en 1891. Créée par Pierre-Eugène Secrétan en association avec des partenaires anglais (Elmore), l'usine a d'abord exploité des procédés d'électrolyse pour produire des ouvrages en cuivre et en zinc. Le site comprenait bureaux, ateliers, une centrale thermique, des fonderies, des ateliers d'étirage, de laminage et de découpage, ainsi qu'une importante cité ouvrière et des logements de direction. L'activité industrielle s'est poursuivie jusqu'en 1986, après plusieurs changements de raison sociale : Société française d'électro-métallurgie (1893), Société d'électrométallurgie de Dives (1901), Compagnie générale d'électrométallurgie (1919), CEGEDUR (1943) puis Tréfimétaux (1967). L'usine a produit au fil du temps feuilles, bandes, tubes, douilles, pièces pour l'armement, ainsi qu'en 1952 planches, bandes, disques, flans monétaires et barres creuses en cuivre et alliages destinés à l'orfèvrerie, l'armement et diverses industries. Vers 1910 est lancé un laminage de l'aluminium et une cartoucherie est construite ; le laminage sera ensuite réorienté vers le maillechort autour de 1930. Vers 1952 le site comportait deux fonderies, un atelier d'électrolyse de 114 cuves, des ateliers d'étirage, de laminage, de découpage, un laboratoire et des ateliers d'entretien ; un nouveau laminoir a encore été installé en 1982. Une centrale thermique antérieure à la guerre est détruite en 1944 ; une centrale au mazout est attestée en 1952. L'usine a subi plusieurs sinistres importants (incendies en 1903 et en 1913) et des dégâts liés aux bombardements de 1944, avant une remise en activité rapide après la Seconde Guerre mondiale. Le personnel a connu des fluctuations marquées : environ 300 ouvriers au début des années 1890, 2 147 en 1917, près de 1 700 vers 1930, environ 1 400 en 1952, 970 en 1980 et environ 930 en 1983. Le site a profondément transformé la petite ville balnéaire voisine, entraînant une croissance démographique rapide et l'édification de cités ouvrières conçues par l'entreprise, parfois marquées par des conditions sanitaires défaillantes. Des mouvements sociaux importants ont ponctué son histoire, notamment des grèves en 1906, 1936 et 1968. Après la fermeture, l'essentiel des bâtiments industriels a été démoli entre la fin des années 1980 et 1990 ; une partie de la friche a été aménagée pour créer le port de plaisance Port-Guillaume, inauguré le 15 juin 1991, et un quartier résidentiel. Seuls les grands bureaux avec leur beffroi ont été conservés ; ces façades et toitures ont été inscrites au titre des monuments historiques le 4 octobre 2007. Les grands bureaux ont accueilli la médiathèque en 2003, puis ont fait l'objet d'une vaste réhabilitation au début des années 2020 ; la restauration, achevée en juin 2023, a permis d'y installer l'école de musique intercommunale et le Centre national des arts de la marionnette, et le beffroi a été inauguré le 17 juin 2023. Architectoniquement, le beffroi, construit en moellons, briques, pierres et silex, coiffé d'ardoise, appartient à un style éclectique ; il abritait bureaux et logement du directeur et se distingue par un décor soigné, des horloges en céramique et des murs intérieurs autrefois revêtus de palissandre. Les cités ouvrières, bien que partiellement disparues, constituent un élément patrimonial majeur de la ville, illustrant la politique paternaliste de l'entreprise et les enjeux du logement ouvrier. Symbole du pouvoir industriel local, le beffroi signale l'autonomie de l'usine face aux autorités municipales et religieuses et reste emblématique de l'histoire ouvrière de Dives-sur-Mer.