Origine et histoire de la Vénus de Quinipily
La statue dite Vénus de Quinipily est une sculpture monolithique en granit d'environ 2,15–2,20 m de haut, aujourd'hui installée dans le parc jouxtant les ruines du château de Quinipily, au sud‑est de Baud (Morbihan). Jusqu'au XVIIe siècle elle se trouvait sur la butte de Castennec, sur la commune de Bieuzy‑les‑Eaux, où elle était longuement vénérée sous les noms de Notre‑Dame de la Couarde, ar croah houarn ou Groac'h er 'hoard. La figure représente une femme nue, coiffée d'un bandeau et portant une longue écharpe qui lui couvre le pubis ; ses bras sont croisés sous la poitrine, rappelant aussi bien des attributs de Vénus que d'Isis. La statue reposait sur un piédestal posé dans une construction formant porche, encadrée par un ordre dorique, et surmontant une cuve en granite qui servait de fontaine ; l'eau y était alimentée par des conduits venant de sources voisines, dont la fontaine Saint‑Michel. Au cours du XVIIe siècle les missionnaires et l'évêché firent retirer et jeter à plusieurs reprises la statuette dans le Blavet afin de mettre fin aux pratiques populaires qu'elle suscitait, mais les habitants la rétablirent à plusieurs reprises et elle fut finalement transportée à Quinipily par Pierre de Lannion à la fin du XVIIe siècle. La statue originale, très mutilée, se brisa lorsqu'on tenta de la retailler ; il semble donc que la figure visible aujourd'hui ait été refaite ou retouchée au même moment et placée sur un piédestal neuf. Quatre inscriptions latines en relief ornent le socle ; elles la présentent comme dédiée à Vénus victorieuse, associent la dédicace à Jules César et mentionnent l'intervention de Pierre comte de Lannion pour la faire placer en ce lieu en 1696. L'authenticité antique et l'interprétation de l'œuvre ont fait l'objet de débats : certains archéologues ont évoqué une origine romaine, étrusque ou égyptienne liée à la présence militaire dans la région et au caractère iconographique isiaque de l'écharpe, tandis que d'autres spécialistes, dont Prosper Mérimée, ont considéré les inscriptions comme apocryphes et la statue comme une création postérieure, probablement du XVIIe siècle. La Vénus de Quinipily a été visitée et décrite dès le XVIIIe siècle par des érudits locaux et reste une curiosité régionale ; elle est classée au titre des monuments historiques depuis le 18 novembre 1943.