Origine et histoire du Passage
Le passage Ben-Aïad est le dernier vestige du passage du Saumon, un passage couvert privé du 2e arrondissement de Paris, anciennement appelé galerie Mandar. Reconstruit sous la direction de l'architecte Hubert Rohault de Fleury entre 1826 et 1828 pour la société Rohard et Compagnie, il formait autrefois un ensemble de galeries desservant commerces, bains et divertissements. La configuration comprenait une allée principale, longue de 175 mètres, qui reliait la rue Montorgueil à la rue Montmartre, ainsi que, perpendiculairement, la galerie Mandar qui joignait la rue Mandar à la rue Saint-Sauveur — aujourd'hui rue Léopold-Bellan. Deux autres galeries, la galerie des Bains au nord et la galerie du Salon au sud, mettaient en relation la galerie Mandar avec le reste du passage et desservaient des bains publics et un théâtre; l'ensemble était couvert par une verrière. Très fréquenté jusqu'à la fin du Second Empire pour son bal et ses boutiques à la mode, le passage connut ensuite un lent déclin. Il fut également le théâtre d'émeutes réprimées les 5 et 6 juin 1832 lors des obsèques du général Lamarque, événement relaté par Victor Hugo. Acquis en février 1853 par le riche général tunisien Mahmoud Ben Aïad, le site perdit progressivement sa rentabilité. Son fils, Ahmed Ben Aïad, ayant acheté les immeubles aux enchères en 1884, fit fermer et démolir l'essentiel du passage en septembre 1899 pour permettre l'édification d'immeubles de rapport et le tracé de la rue Bachaumont sur son emplacement. Seule subsiste aujourd'hui l'ancienne galerie Mandar, rebaptisée « Ben-Aïad » vers 1905, qui reste privée et peu entretenue; depuis la grille d'entrée on distingue encore l'accès aux anciens bains du Saumon. Le passage, ainsi que les façades et toitures de l'établissement de bains, a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 21 janvier 1997. Il est accessible depuis la rue Mandar et la rue Léopold-Bellan et se situe à proximité de la station de métro Sentier.