Origine et histoire des Vestiges romains de Caparon
Le site archéologique de Fontvieille, près d'Arles, conserve les vestiges d'un complexe romain de meunerie hydraulique formé par l'aqueduc et les moulins de Barbegal, présenté comme « la plus grande concentration connue de puissance mécanique du monde antique ». L'aqueduc est partiellement classé au titre des monuments historiques depuis le 12 juillet 1886, et certaines de ses parties sont inscrites depuis le 5 février 1937. Situé dans la commune de Fontvieille, à environ sept kilomètres à l'est d'Arles, le vallon des Arcs est franchi par deux ponts-aqueducs parallèles, partiellement construits sur arches, résultat de modifications apportées à l'aqueduc d'Arles au début du IIe siècle. L'ouvrage primitif comportait deux branches convergeant vers un bassin d'où partait un conduit unique vers Arles ; la branche orientale fut détournée pour alimenter la meunerie de Barbegal tandis que la branche occidentale continua d'alimenter la ville. Un nouveau pont traversait en tranchée le chaînon de la Pène pour conduire l'eau vers la meunerie. L'installation comprenait deux séries de huit roues verticales à augets disposées de part et d'autre d'une allée centrale ; ces roues actionnaient des moulins à farine. Les fouilles de l'émissaire oriental et du bassin amont indiquent que le complexe a été construit au début du IIe siècle et a fonctionné jusqu'au début du IIIe siècle ; le propriétaire était probablement celui de la villa romaine proche de la Mérindole. Une hypothèse avancée par Henry‑Paul Eydoux, reprenant Fernand Benoît, a été infirmée par des fouilles menées dans les années 1990 ; une étude plus récente, fondée sur l'analyse des dépôts calcaires sur les roues, suggère que la farine produite alimentait la fabrication de grandes quantités de pain destinées aux bateaux. Fernand Benoit avait proposé que l'ingénieur gallo‑romain Q. Candidius Benignus ait réalisé le complexe ; le sarcophage de ce dernier portait une inscription qui loue ses qualités d'ingénieur et de constructeur : « il n'en fut pas de plus savant et personne ne le surpassa dans l'art des ouvrages de mécanique et dans la conduite des cours d'eau ». Le débit de l'aqueduc a été estimé entre 240 et 1 000 litres par seconde, et le dénivelé exploité par les moulins est d'environ 18 mètres, ce qui a conduit à estimer une puissance brute maximale de l'ordre de 50 kW pour l'ensemble ; répartie entre deux séries de huit moulins, la puissance brute de chaque moulin devait avoisiner 3 000 watts. À titre de comparaison, le barrage de Vallabrègues sur le Rhône possède une puissance installée très supérieure, citée dans les études comme 210 000 kW. Entre 2017 et 2020, une équipe pluridisciplinaire dirigée par Philippe Leveau a mené la restitution d'une des roues de la meunerie ; une restitution visible au château de Montauban complète désormais la visite du site. Aujourd'hui, des vestiges importants de l'aqueduc et de la meunerie sont encore bien visibles sur place, et la roue restituée apporte un éclairage matériel sur le fonctionnement de cet ensemble industriel antique.