Origine et histoire du Viaduc de Busseau
Le viaduc de Busseau-sur-Creuse est un pont ferroviaire métallique situé sur les communes d'Ahun, de Pionnat et de Cressat, dans le département de la Creuse, en région Nouvelle-Aquitaine, à la sortie est de la gare de Busseau-sur-Creuse. Souvent attribué à tort à Gustave Eiffel, il domine la Creuse et mesure 320 m de longueur pour une hauteur maximale de 56,50 m. Il a été construit entre décembre 1863 et décembre 1864 ; le chantier a commencé en janvier 1864 et s'est déroulé sous la direction de Félix Moreaux. L'ouvrage a été réalisé par un consortium formé par Basile Parent, Pierre Schaken, Jules-César Houel, Ferdinand Caillet et les Établissements Jean-François Cail, sur un projet établi par Marie Thirion, Wilhelm Nördling et Charles Geoffroy, ingénieurs de la Compagnie d'Orléans. Nördling, qui a suivi le projet de près, avait précédemment participé à la commission internationale pour le viaduc de Grandfey, et le recours aux piles en treillis métalliques s'inscrit dans une évolution déjà matérialisée sur des ouvrages tels que les viaducs de Crumlin, de Fribourg et le viaduc de Portage aux États‑Unis. Face à la nécessité de franchir une brèche de 338 m entre culées avec des piles de 57 m, la Compagnie d'Orléans a choisi la solution métallique, moins coûteuse que la maçonnerie, après l'exemple de Fribourg. Pour assurer la stabilité au vent transversal, des barres d'ancrage ont été placées à l'intérieur des colonnes des piles et ancrées dans les maçonneries de base et la fondation ; la hauteur de la partie métallique des piles a été limitée à 30 m sous le tablier par prudence vis‑à‑vis de l'emploi de la fonte, les soubassements et fondations étant en maçonnerie. Pour améliorer l'aspect de l'ouvrage et éviter les arbalétriers disgracieux apparus sur d'autres viaducs, une maquette a été réalisée ; elle a conduit à éviter les surfaces gauches et à positionner deux arbalétriers quelconques dans un même plan plutôt qu'à l'intérieur des piles. Le tablier, monté sur appuis à rouleaux embiellés aux piles d'extrémité et aux culées pour permettre la dilatation, repose sur appuis fixes pour les autres piles ; la dilatation est également rendue possible par la souplesse des piles. Le tablier a été mis en place par lançage, procédé consistant à construire les travées sur une rive puis à les pousser successivement en position, méthode déjà employée en Europe pour le viaduc de Fribourg par l'ingénieur Ferdinand Mathieu. Le coût de l'ouvrage s'est élevé à 1 514 989 francs, pour un prix estimé à 1 453 500 francs. La ligne entre Busseau-sur-Creuse et Saint-Sulpice-Laurière a été ouverte jusqu'à la gare de Busseau-sur-Creuse en novembre 1864 et la mise en service de sections successives a permis la circulation d'un premier train après l'achèvement du montage du tablier ; la ligne Montluçon–Saint‑Sulpice‑Laurière a été ouverte dans sa totalité en février 1865. En 1905 le viaduc a reçu un platelage en béton armé et les piles ont été réparées en 1944–1945 pour réparer des dommages de guerre. Conçu initialement pour deux voies avec un tablier à quatre poutres, il est aujourd'hui utilisé en voie unique ; immédiatement après le viaduc, la bifurcation vers la ligne de Busseau-sur-Creuse à Ussel se sépare de la ligne de Montluçon à Saint‑Sulpice‑Laurière. Le pont a été inscrit au titre des monuments historiques le 15 janvier 1975. Les dimensions principales indiquent une longueur totale du tablier métallique de 286,50 m répartie en six travées dont les portées sont de 45,25 m, quatre travées de 50,00 m et 41,25 m ; la largeur du tablier est de 8 m, la hauteur des poutres métalliques de 4,50 m et la hauteur maximale de l'ouvrage de 56,50 m. La hauteur totale maximale entre le dessus du soubassement en maçonnerie et les rails est de 38,90 m, le soubassement présente des hauteurs de 12,00 m et 5,60 m, et sa largeur au niveau de l'appui de la partie métallique est de 12,60 m ; la partie métallique est traversée par sept niveaux de triangulation espacés de 4,50 m et le tablier est encadré par deux culées en maçonnerie de 36,20 m et 16,00 m.
