Origine et histoire du Viaduc de Chapeauroux
Le viaduc de Chapeauroux, également appelé viaduc du Nouveau‑Monde, est un pont ferroviaire en pierre qui enjambe le Chapeauroux sur la commune de Saint‑Bonnet‑de‑Montauroux (Lozère), à la limite de la Haute‑Loire. Il appartient à la ligne de Saint‑Germain‑des‑Fossés à Nîmes, connue sous le nom de ligne des Cévennes. Les travaux, commencés vers 1857 dans le cadre de l'aménagement de cette ligne, furent repris en 1862 par la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM) après la faillite de la Compagnie du Grand Central. Les ingénieurs de la PLM, MM. Dombre, Ruelle et Joubert, durent tracer la voie dans une zone étroite à la confluence de l'Allier et du Chapeauroux et la protéger des crues de ces cours d'eau. Les travaux, confiés aux entreprises Marigues et Ramon, furent achevés vers le début de 1870 et la ligne fut inaugurée le 16 mai 1870. Construit en maçonnerie, le viaduc se compose de vingt‑huit arches de douze mètres ; il mesure 433 mètres de long, présente une hauteur moyenne de 20 mètres et suit une courbe de 260 mètres de rayon. Le surnom « Nouveau‑Monde » vient du camp des ouvriers installé à proximité, sur un terrain alors inoccupé. Lors des travaux, on a mis au jour les vestiges du village gaulois de Condate, l'une des stations de la via Agrippa en Gévaudan, mentionnée sur la Table de Peutinger aux côtés d'Anderitum et Silanum. La construction du viaduc et de la ligne, réalisée dans une région très enclavée, a profondément marqué les populations locales ; le souvenir des ouvriers subsiste notamment par un caveau en forme de wagonnet dans le cimetière de Saint‑Haon. Au sud, le viaduc débouche sur la gare de Chapeauroux, qui assure le croisement des trains sur la ligne et sert de halte au train touristique des gorges de l'Allier. L'ouvrage est inscrit aux monuments historiques depuis le 28 décembre 1984.