Origine et histoire du Viaduc de Garabit
Le viaduc de Garabit est un pont ferroviaire franchissant les gorges de la Truyère sur la ligne de Béziers à Neussargues, situé sur les communes de Ruynes-en-Margeride et de Val d'Arcomie dans le Cantal, en Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet initial est dû à l'ingénieur des ponts Léon Boyer, qui impose un tracé direct sur les plateaux et un franchissement à grande hauteur plutôt que la descente dans les vallées. La finalisation et la réalisation sont confiées à Gustave Eiffel et à sa société, avec la participation d'ingénieurs tels que Théophile Seyrig puis Maurice Koechlin. Les travaux de fondations commencent en janvier 1880; le chantier s'achève en septembre 1884 et la mise en service intervient en 1888. L'ouvrage, d'une longueur d'environ 565 m, culmine à près de 122 m au-dessus de la Truyère et comportait, à sa construction, l'une des plus grandes arches du monde, d'une portée de 165 m. Le tablier métallique mesure 554,69 m et repose sur sept piles en fer puddlé, dont deux atteignent 80 m de hauteur; cinq piles indépendantes s'appuient sur des blocs de fondation en maçonnerie. Trois travées forment l'arc principal au-dessus de la partie la plus basse de la vallée, et la superstructure est encadrée par deux estacades d'accès en maçonnerie de 46 m et 71 m. La hauteur d'origine au-dessus de l'étiage était de 122,5 m; après la construction du barrage de Grandval en 1959 et la formation du lac de retenue, le viaduc surplombe désormais le plan d'eau d'environ 95 m. L'ouvrage supporte une voie ferrée unique équipée d'une caténaire et a été conçu pour la circulation du trafic reliant Paris à Béziers par le Massif central. La ligne a été électrifiée en 1932 en 1 500 volts continu. Pour limiter les sollicitations, la vitesse des trains y est restreinte, avec une limitation générale à 40 km/h et une restriction à 10 km/h appliquée lors de la réouverture partielle en octobre 2009 après la découverte d'une fissure en septembre 2009. Les matériaux employés comprennent 3 169 tonnes de fer forgé, 41 tonnes d'acier et 23 tonnes de fonte; 678 768 rivets ont été posés et le volume de maçonnerie des fondations et des estacades atteint 20 370 m3. Le viaduc a fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques le 14 septembre 1965, puis d'un classement le 18 octobre 2017. Il a été repeint en rouge entre 1992 et 1998, a été temporairement fermé en septembre 2009 pour contrôle puis rouvert un mois plus tard avec des restrictions de vitesse, et a fait l'objet de travaux d'entretien importants en 2011. Il est éclairé certains soirs depuis 2001. Le viaduc a inspiré des réalisations culturelles et médiatiques: il apparaît dans plusieurs films, parmi lesquels L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot (1964), Un homme de trop de Costa-Gavras (1967), Le Pont de Cassandra (1976) et Camping 2 (2010), figure sur un billet de 200 francs consacré à Gustave Eiffel et a été reproduit sur un timbre en 1952. Une maquette est exposée à France Miniature et de nombreuses publications et études lui ont été consacrées. L'inauguration de la section de Saint-Chély à Saint-Flour via le viaduc a eu lieu le 28 mai 1888, et des essais en charge ont été effectués le 10 avril 1888. Le viaduc a longtemps été traversé par l'Aubrac Express, surnom du train qui a contribué à sa notoriété locale. Le site constitue un repère majeur dans le paysage des gorges de la Truyère et demeure un ouvrage emblématique de l'ingénierie métallique du XIXe siècle.