Origine et histoire du Viaduc de Rouzat
Le viaduc de Rouzat est un pont ferroviaire construit en 1869 par Eiffel sur la ligne Commentry–Gannat pour franchir la Sioule entre les communes de Bègues et de Saint-Bonnet-de-Rochefort, dans l'Allier. Il est inscrit au titre des Monuments historiques. Situé à quelques kilomètres au nord‑ouest de Gannat, il se trouve sur la ligne empruntée par la liaison Clermont‑Ferrand–Montluçon via Gannat et par la liaison Lyon–Bordeaux, aujourd'hui interrompue. Le viaduc traverse également la route départementale 37, qui franchit la Sioule en contrebas sur un pont en maçonnerie. Il doit son nom au lieu‑dit Rouzat, qu'il domine ; ce hameau s'étend de part et d'autre du pont routier, en rive droite dans la commune de Bègues et en rive gauche dans celle de Saint‑Bonnet‑de‑Rochefort.
La Compagnie du Paris‑Orléans, chargée de reprendre la réalisation de la partie ouest de la liaison Lyon–Bordeaux initialement projetée par la Compagnie du chemin de fer du Grand Central, fut maître d'ouvrage. Le projet fut conçu par Wilhelm Nördling, ingénieur en chef de la Compagnie, et la construction confiée à Eiffel et Cie, créée par Gustave Eiffel en 1867, sous la direction technique de Théophile Seyrig, son associé. Le viaduc de Rouzat et le viaduc voisin de Neuvial sont les premiers viaducs ferroviaires réalisés par Eiffel et Cie, antérieurs au pont Maria Pia de Porto (1877) et au viaduc de Garabit (achevé en 1884). Pour la première fois, Eiffel utilisa la construction métallique sur un ouvrage d'une hauteur de 60 mètres, notamment pour la réalisation des deux piles ; le viaduc de Grandfey, sur lequel Wilhelm Nördling a travaillé, le dépasse toutefois en hauteur (82 m). Le viaduc de Rouzat a été inscrit au titre des Monuments historiques par arrêté du 8 décembre 1965, en même temps que le viaduc de Neuvial ; avec les viaducs de la Bouble et du Belon inscrits en 2009, cela porte à quatre le nombre de viaducs de la ligne protégés.
Le viaduc mesure 180,60 mètres de longueur totale et comporte un tablier métallique de 130 mètres constitué d'une poutre droite à treillis de croix de Saint‑André. Le tablier repose sur deux piles métalliques composées chacune de quatre colonnes cylindriques reliées par des croix de Saint‑André ; ces piles reposent sur des massifs en maçonnerie, dont l'un est implanté dans le lit de la rivière et l'autre appuyé sur la rive droite. L'ouvrage comprend une travée et une culée ouest, a fait l'objet de travaux de maintenance en 2013 et porte une plaque « G. Eiffel constructeur ».